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Osheaga jour 1: dans l’ombre d’Eminem

Il y avait deux genres de personnes, hier, lors de la première des trois journées du festival Osheaga, au Parc Jean-Drapeau: celles qui étaient venues voir Eminem et les autres. La grande majorité de ces quelque 40 000 personnes étaient évidemment de la première catégorie. Peu intéressées par les autres artistes au programme, elles sont restées, pour la plupart, devant les deux scènes principales (rapprochées, cette année, ce qui fait qu’on n’a pas nécessairement à se déplacer d’un concert à l’autre) du grand terrain du site.

La bonne nouvelle: ça laissait tout l’espace aux autres pour voir et apprécier les Glass Candy, Alaclair Ensemble, Timber Timbre et les Barr Brothers, à qui il restait des auditoires modestes quoiqu’appréciables, sur les scènes secondaires, en périphérie. Pendant que la pop grand public régnait en maître sur les scènes principales, les artistes susnommés ont maintenu un agréable ton légèrement champ gauche, juste assez décalé, mais pas trop, en parallèle. On se souviendra du panache électro-pop des premiers et de l’énergie bordélique des seconds (bien servis par la sono puissante de la scène Piknic Electronik). Je vous laisse imaginer le plaisir de recevoir les ambiances feutrées de Timber Timbre, plus serré et mordant qu’au lancement du nouvel album au printemps, au coucher du soleil sous les feuillages, atmosphère savoureusement prolongée par le blues-folk mondialisant des Barr Brothers par après.

La mauvaise nouvelle: tiède était l’accueil pour le vibrant chanteur soul Charles Bradley, les vétérans Bran Van 3000 ainsi que pour la spectaculaire Janelle Monáe. Trois artistes qu’on croirait susceptibles de toucher un public venu pour entendre du hip-hop, mais non. Clairement, devant les deux scènes principales, on voulait du Slim Shady et rien d’autres. Compréhensible était l’indifférence à l’égard de BV3, éparpillés, dépassés et plutôt soporifiques, mais Charles Bradley a donné un tour de chant soul vivant, électrisant, qui aurait dû faire lever davantage. Et Janelle Monáe? Rien de moins qu’époustouflante. Si ses chansons sont en général plutôt faibles, la demoiselle donne un concert irréprochable: elle a une prestance et un look du tonnerre, une voix puissante ainsi qu’un attirail scénique impressionnant. Des danseurs costumés en fantômes. Des choristes costumées en sortes d’hybrides de bonnes sœurs et d’arbitres. Des cordes, des cuivres. Un guitariste flamboyant et une section rythmique bien serrée. Wow. Forcément, le public a sourcillé, mais pas réagi à la mesure de ce grand moment.

Et Eminem? Bah. Un cirque hip-pop clinquant et clownesque où les projections d’extraits de vidéoclips et un public bien gonflé font l’essentiel du travail. Des visuels navrants et un groupe d’accompagnement sous-utilisé. Mais aussi unidimensionnel et antipathique soit le personnage, il avait déjà la foule bien dans sa poche avant d’exécuter sa routine.

On continue aujourd’hui.

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