Le bar se trouve dans une à-peu-près-ruelle. Gars baraqué à l’entrée, comme le veut le cliché.
«Une seule personne?»
Quand j’ai trouvé le concept de Victime de la porn, la première idée de chronique que j’ai eue, c’était d’aller tester des faux seins aux danseuses. «Ça va être génial!», que je me suis dit. Ça m’a toujours intrigué. Mais bon, question de budget (et de guts), c’était facile de repousser à plus tard.
Quand j’ai remarqué que j’en étais rendu à ma 100e (!!!) chronique, je me suis dit que c’était la parfaite façon de souligner l’évènement. J’ai donc tâté le terrain avec ma boss pour voir si je ne pourrais pas avoir un compte de dépense pour aller aux totons. Sa réponse: «Je te reviens!»
Le genre de «Je te reviens» qui veut dire «Je te reviens quand tu me demanderas des trucs un peu moins imbéciles!» Bah. Un perv s’essaye, et je suis prêt à bien des sacrifices pour mon lectorat nymphomaniaque.
J’arrive donc à l’entrée (5$ d’admission + 2$ de pourboire à l’adorable Karell) et je raconte au placier que je suis là pour une chronique. (Je sonne comme le dude qui s’achète un Playboy pour les articles.) Il s’en torche un peu, tant que je ne filme rien. Il me fait entrer et me propose une table ou le bar. Je choisis le bar, parce que ça fitte avec le plan.
Le plan étant de prendre une petite bière au bar le temps de spotter une fille qui a nettement des fausses boules, et ainsi pouvoir faire ce que j’ai à faire: mon travail de chroniqueur sérieux sur le terrain.
Le placier au look mafieux me demande un pourboire, je lui refile 5$ pour essayer d’acheter son respect et compenser d’être terriblement underdressed avec mon combo hoodie/t-shirt/jeans. (Jeans foncés, en cas d’overflow de precum.)
Il apprécie mon zèle, et du coup, je me sens un peu plus comme un caïd.
Au bar se trouvent quatre bancs et sept danseuses particulièrement canons. Mon genre de ratio. Je m’assois au seul banc libre et me commande une petite bière, anticipant le prix ridicule avec le sourire. (8$ + 2$ de pourboire.) Je regarde faussement le hockey à la télé en tentant de jouer le gars cool qui n’est pas vraiment impressionné d’être au milieu d’une telle talle de chicks à poil.
C’est un échec. Je ne berne personne.
J’ai à peine le temps de prendre une gorgée qu’une des filles me tape sur l’épaule pour me partager un gag dont je manque la prémisse. Son punch semble être de faire rire sa copine en dansant comme une bouffonne.
Bouffonne de 28 ans au corps parfaitement stéréotypé de striper/pornstar avec des seins dans un soutif rouge qui se classe quelque part entre D et double D.
Dans les craintes que j’avais avec mon super plan, c’était d’avoir à revirer une fille avec de vrais seins, ou encore pire, une fille aux seins ambigus où je ne suis pas certain s’ils sont vrais ou pas. Cette peur est chassée au tout premier regard. Cette fille est le jackpot!
Je lui explique (baragouine) pourquoi je suis là, et pendant une seconde, j’ai peur de la vexer en acknowledgeant que je suis au courant de son «petit secret». Was I wrong. Son visage s’illumine aussitôt avec un sourire de (bandante) conquérante.
«I’ve got the best boobjob in the world!»
On est faits pour s’entendre. J’enchaîne donc à ma crainte suivante: «Et je vais pouvoir toucher, right?» Elle m’explique la règle très simple: on peut toucher «up here», mais pas «down there».
Honnêtement bébé, je n’avais même pas remarqué que t’avais un «down there».
On traverse le bar où elle m’amène dans la section des fameuses cabines. Je suis un peu gêné de le dire, mais même si je suis allé aux danseuses quelques fois dans ma vie, c’est ma toute première apparition dans une de ces intrigantes cabines.
Minicritique de cabine: c’est plus grand que je pensais, et il y a un truc pour tenir ta bière, pareil comme le truc dans la douche pour tenir le savon. Bien joué!
Je précise avant d’entrer que je ne veux être là que pour une seule toune, ou une seule «shot», ou peu importe l’unité de temps qu’on utilise pour chronométrer les séances de dry-humping. C’est important pour moi de le dire avant d’entrer, au cas où je perdrais toute notion du temps (et d’argent) une fois le manège démarré.
Je m’assois, et elle ne perd pas de temps. Elle enlève son top, et ses seins sont… incroyables. À ce moment-là, j’ai une petite pensée pour le record que je viens de fracasser: c’est de loin le plus court laps de temps entre le moment où je spotte une fille dans un bar et le moment où elle me flashe ses boules.
Je dépose naturellement mes mains sur sa taille, comme je le ferais dans un contexte ordinaire. Elle me trouve clairement chochotte. «Come on!» qu'elle dit, alors qu'elle prend mes mains pour les poser bien fermement sur ses seins.
(Autre record fracassé: le temps pour me rendre au second base.)
Verdict: Oh… Wow. J’ai dû dire «they’re amazing» environ 20 fois en 5 minutes.
Tout y passe (tâtage, squeezage, motorboatage) alors qu’elle me bombarde d’information sur ses fabuleux boobies. Je me sentais comme dans un clip à la «pop-up video». Voici l’essentiel des infos qui ont poppé:
– Il y a des implants remplis de gel et d’autres, remplis d’eau. Elle a opté pour les funbags remplis d’eau, il y a deux ans.
– Ses implants sont sous le muscle, ce qui semble vraiment être le meilleur choix. Ses seins ne sont donc pas overjackés en permanence (et devant ses petits neveux).
– On peut surtout sentir les implants lorsqu’on prend les seins de par dessous. (Je n’aurais pas remarqué, mais c’est vrai.)
– Parce qu’ils sont plus étirés/exposés qu’avant, ses mamelons sont beaucoup plus sensibles (in a good way) depuis sa boobjob.
Honnêtement, je ne comprends pas du tout ce que les gens peuvent reprocher au feel des poitrines boostées artificiellement. On entend plein d’histoires d’horreur où on jase de seins trop durs ou qui gardent l’empreinte de tes doigts lorsque tu les agrippes. Il n’y avait rien de tout ça sur ma nouvelle BFF.
L’implant étant sous le muscle, t’as la peau douce et lousse par dessus, et en dessous, l’implant amène le volume et l’absence de gravité. Peut-être que les puristes vont bitcher que c’est de l’eau à l’intérieur, mais est-ce qu’on va vraiment faire un débat eau vs gras? Il y a aussi certaines femmes qui méprisent les gars qui taponnent des faux seins, mais souvent, ça vient de femmes qui apprécient pourtant quelques «dzz-dzzz» avec des pénis à piles (et en plastique).
Quelque part au milieu de ma minutieuse analyse et ma profonde réflexion, je sens qu’elle élève son jeu d’un cran. La fille est là pour travailler, et elle est travaillante. Elle se retourne pour me grinder ça en position cowgirl inversée.
C’est là que je réalise à quel point je suis professionnel, parce que même avec mes mains sur sa poitrine de rêve, mes pieds restent bien sur terre. Je ne me laisse pas emporter. En fait, il y a quelque chose qui m’en empêche. Quelque chose qui manque. C'est l'absence de regards? De frenchage? C’est sûr que l’accent anglo-ontarien n’aide pas. (Ben non! C’est juste une blague. Presque.) Il reste que ça ne le fait pas. Je me sens comme une madame dans un mauvais téléroman qui revendique plus de préliminaires. Sans déconner, ce n’est pas évident d’établir une connexion en 3 minutes avec une inconnue alors que t’es à jeun et que le compteur roule à 200$ de l’heure.
Vers la fin, elle était assise bien relaxe sur ma cuisse et on discutait (même si mes mains ne se tannaient pas de tâter ses seins). Je me sentais comme le gars dans les films qui va voir la prostituée que pour se confier et faire des câlins. J’étais quand même bien. C’est toujours réconfortant, des seins. Même quand ils sont faux.
Une danse à 10, c’est en fait une danse à 15. Question d’inflation, j’imagine. Vu que je l'aimais bien, j’ai laissé 20.
– «Yéééé, t’étais ma première danse de la soirée!»
– «Moi aussi, je t’avoue.»
Je ne suis pas vraiment dédaigneux pour ce genre de trucs, mais tant qu’à peloter une fille que je ne connais pas, aussi bien de passer avant les sweaty camionneurs en fin de shift.
– «Et puis? Est-ce que c’était comme des vrais?»
– «Difficile à dire, je n’ai jamais touché à des vrais qui sont aussi gros.»
– «Si tu veux, la fille à côté a des seins vraiment énormes et naturels…!»
Argh. C’est parce que je vais devoir retourner à la réalité après tout ça, moi.
— FIN —
Voilà! Et vu que j’ai déjà solidement busté mon quota de mots, j’en profite pour remercier tous ceux et celles qui lisent VDLP chaque semaine. Est-ce que quelqu’un a lu les 100 chroniques au complet? (Si oui, vous êtes vraiment perv.)
Sincèrement, merci. J’ai du gros fun à écrire toutes ces saloperies.