Au tour du quatuor new-yorkais Vampire Weekend de mettre son nouvel ouvrage à la disposition des fans avant sa sortie. Modern Vampires of the City est en écoute intégrale via iTunes à une semaine de sa sortie du 14 mai.
Et qu'est-ce que ça donne? De quoi rassurer les fans et même rallier les sceptiques. Du moins, ceux qui apprécient les élans pop bien assumés. Les tenants de l'esthétique indie, eux, risquent de se sentir laissés pour compte.
En effet, Modern Vampires of the City a tout du virage commercial. La réalisation (partagée entre le claviériste Rostam Batmanglij et Ariel Rechtshaid, qui a déjà œuvré pour Justin Bieber et Kylie Minogue) est lustrée. La voix est bien au-devant, la batterie et les claviers itou et la guitare a pratiquement disparu.
Mais dans ce cas-ci, c'est une bonne nouvelle. Qu'y avait-il de particulièrement oblique à défendre? Vampire Weekend carbure surtout au cute, à l'espièglerie de ses textes et au climat ensoleillé de son indie-pop. Au premier contact, ce virage à droite permet surtout au groupe de renouveler sa formule et d'éviter la redite qu'une suite logique du précédent Contra (2010) et du premier album homonyme de 2008 aurait provoquée.
Exit le similiska et les pastiches de Paul Simon, donc. Ça nous laisse avec des tubes estivaux comme Unbelievers, menée par un Ezra Koenig au chant plus sensible et un son d'orgue B3 bien croustillant. Plus loin, on craque pour Worship You, sa mélodie galopante et son cachet irrésistiblement américain. Ya Hey est un autre bon exemple de charpente pop remarquable: à une mélodie déjà efficace, on rajoute des chœurs passés dans la moulinette numérique, façon Kanye. De tels clins d'œil au rap commercial reviennent d'ailleurs tout au long de l'album. Ça aurait pu être désastreux, mais la plupart du temps, on sourit.
Vampire Weekend a choisi le camp pop, mais il le fait honorablement. Il vise ici le plus grand nombre, mais avec des pièces truffées d'astuces qui parlent aussi aux mélomanes exigeants.
À preuve, les premières notes d'Obvious Bicycle, qui sont échantillonnées d'un obscur classique reggae de 1974 que voici: