Après énormément de buzz, le dernier Kanye West est finalement sorti hier. Évidemment il l’a intitulé Yeezus, parce que c’est ça qu’il faut faire quand on est Kanye West et qu'on se prend pour Dieu.
On va se le dire: c’est un album qui s’apprivoise difficilement. J’aurais bien voulu vous en parler avant, mais je me suis bien rendu compte quand j’ai mis la patte dessus que ça allait me prendre quelques jours pour laisser ça décanter un peu. Et pour cause: 'Ye s’est ici affranchi des codes habituels du genre.
Avec tout le discours qu'on entend ces temps-ci sur la musique émergente, Kanye présente un cas intéressant: un artiste on-ne-peut-plus établi qui travaille complètement en dehors des attentes de son public-cible et qui, ce faisant, change la donne pour tout ce qui suit. En jasant avec des amis, on a comparé ça à Lady Gaga qui fait de l’excellente pop mais qui ne dépasse pas trop les lignes. En ce sens, Gaga tente de repousser les limites du genre de l’intérieur alors que West, lui, veut carrément faire éclater le cadre. (Pour ceux qui tripent sur le mouvement étudiant, disons que c’est comme la FEUQ versus l’ASSÉ. Shout out à l’autocollant carré rouge, seul emballage de l’album.)
La posture mégalomane de Kanye reste néanmoins intacte. Après tout, il n’y a que lui pour intituler une chanson "I Am A God". Et il en rajoute: la toune est «feat. God», rien de moins. (On se demande d’ailleurs à qui vont aller les droits SOCAN… Le Cardinal Turcotte est, dit-on, déjà en train de faire des appels.)
Mais au-delà de toutes ces considérations: Yeezus est un album majeur d’un artiste plus grand que nature. Il est rare de voir quelqu’un d’une telle stature expérimenter autant avec la forme, et nous avons ici une autre preuve du grand talent de Kanye West et de son flair à dénicher des collaborateurs de haut calibre. Pari réussi.