Pour une raison que j’ignore, certains lecteurs croient que cette chronique fait l’éloge du célibat. C’est à se dire que critiquer l’état comateux et facile de nombreux couples qui s’amusent à se tromper amicalement sur SnapChat, implique nécessairement que je glorifie ma situation de célibataire.
Tel n’est pas le cas. Il n’existe tout simplement pas de situations idéales.
Je dois inviter mes amies au restaurant. Parce que c’est ce qu’un (vieux) célibataire comme moi doit faire s’il ne souhaite pas manger seul, tous les soirs. C’est très difficile d’inviter une fille qu’on connaît à peine, car elle s’imagine immédiatement que cette demande s’avère un stratagème pour lui faire l’amour plus tard. Comme si cela était impossible pour un homme de simplement vouloir partager un repas dans un nouveau restaurant, avec une fille, sans que ça ne soit considéré comme étant une date. Elles se croient toutes irrésistibles.
Je suis constamment à la recherche d’un nouveau visage, de cette nouvelle fille que je ne connais pas et qu’ultimement personne de mon entourage ne connaît encore. Fraîchement débarquée de n’importe où, cette femme inconnue me fera ressentir quelque chose de fort dans ma poitrine. J’aurai immédiatement le goût de la revoir. Malheureusement, elle n’existe que rarement.
En fait, je commence à croire que cette femme n’existe tout simplement pas. Je persiste tout de même envers différentes filles que je croise à l’occasion. Je me force pour entretenir une conversation sans but profond. Jusqu’à ce que je me bute au moment où elles glissent subtilement qu’elles ont un copain: un réalisateur en voyage à Berlin, un musicien à New York ou un homme marié avec des enfants à la maison. Elles apprécient toutes mon audace, mais elles apprécient surtout de se faire (encore) draguer. Ça les rassure, alors que moi ça me déprime.
Je baise saoul, au beau milieu de la nuit. C’est l’essentiel de ma sexualité. Je découvre de nouveaux corps dans la pénombre et des parfums de fin de soirées. Même si pendant des années il n’y avait rien qui pouvait m’exciter autant qu’une baise passionnée et malpropre avec une personne que je connaissais à peine, je n’en ai désormais plus rien à cirer. J’ai le goût de faire l’amour à jeun, un dimanche après-midi, réveillé par les rayons du soleil qui réchauffent nos corps nus. M’insérer doucement dans ma partenaire que j’apprends à connaître. Sur le côté. En la tenant fermement contre moi, tout en lui mordillant le cou. Lui souffler à l’oreille qu’elle est belle. Jouir simultanément. S’endormir. Se réveiller. Et recommencer.
On envie toujours ce qu’on n’a pas.
Je n’ai pas d’intimité. Avec personne. Le mois de novembre, les Fêtes et l’hiver arrivent. Je les passerai seul ou avec une fille qui quitte en pleine nuit rejoindre son chum.
Je suis célibataire depuis aussi longtemps que la durée de ma dernière relation. Au cours de ces six dernières années, j’ai amassé autant d’histoires à faire baver n’importe quel gars en couple blasé de sa blonde, que d’histoires qui lui donnent envie de la serrer dans ses bras en s’endormant.
Je vous laisse le soin de décider à quelle catégorie cette chronique appartient.