La nouvelle websérie Féminin/Féminin décrit avec humour le quotidien de jeunes lesbiennes à Montréal
Louis-Philippe PilonAu lendemain d’un lancement très réussi — « Je pense qu’il y a eu, nous sommes en train de comptabiliser, mais je pense qu’il y a eu 500 filles, c’était un peu le délire, c’était vraiment beau à voir » — nous nous sommes entretenus avec Chloé Robichaud (Sarah préfère la course), réalisatrice de Féminin/Féminin, la nouvelle websérie produite par le site web Lez Spread The Word. Elle nous parle des thèmes de la série et du processus créatif derrière la naissance de ces portraits qui décrivent avec humour le quotidien de jeunes lesbiennes à Montréal.
La trame commune de nombre d’œuvres traitant de la culture lesbienne est toujours un certain penchant vers le drame, la mise en lumière du côté ardu de la vie des femmes gaies. Avec Féminin/Féminin, Chloé Robichaud et Florence Gagnon, présidente de Lez Spread The Word, veulent présenter l’envers de la médaille: les tribulations de lesbiennes qui vivent très bien leur réalité et qui appréhendent le monde avec humour et lucidité. Elle explique: « L’objectif premier est un peu de présenter le quotidien de lesbiennes, leur vie de tous les jours, leurs amourettes, leurs histoires d’amour. On voulait s’éloigner des stéréotypes. Florence Gagnon m’a approchée avec ce projet, et c’est un peu ce qu’elle m’a dit. Elle ne voulait pas qu’on aille nécessairement dans tout ce qui était homophobie, la difficulté d’être gai. Je pense qu’il existe plusieurs autres films ou séries qui ont abordé le sujet. On avait envie d’aller du côté du positif. Comme quoi ça peut être facile et même “le fun” d’être lesbienne. » Au visionnement du premier épisode de la série, on constate vite que l’objectif est atteint; les gags percutent et s’insèrent de manière organique au fil du récit.
Crédit: Kelly Jacob
Lorsqu’on lui demande si elle considère la série comme un acte militant, la réalisatrice acquiesce tout en nuançant le propos. « C’est sûr qu’il y a un côté militant dans le sens qu’on veut donner de la visibilité aux lesbiennes. Visibilité qu’on n’a pas souvent, donc dans ce sens-là, oui. Mais je ne pense pas que la série soit revendicatrice dans ses propos. Je pense que la seule revendication que j’ai envie de faire c’est justement ça: regarder ce qu’est le quotidien et donner enfin de la visibilité aux lesbiennes. » Une visibilité qu’elle considère comme souvent réservée au penchant masculin du vécu homosexuel. « Je trouve que quand on parle d’homosexualité, on a souvent tendance à parler de l’homosexualité au masculin. Au féminin, on dirait que c’est quelque chose qui est peut-être moins connu, moins soulevé par les médias. »
Féminin/Féminin est donc un mariage très réussi d’humour et de réflexion, une combinaison qui reflète fidèlement la personnalité de son auteur. « Je pense que j’ai toujours un style un peu plus “intello” dans un sens (rires). Paraît-il que je suis un peu intello, donc je pense que ça se transpose dans mon écriture. Malgré le côté comique et léger, on veut qu’il y ait tout de même une réflexion derrière ça, et qu’il y ait quand même un propos à retirer de l’épisode. C’est quand même des personnages qui parlent beaucoup, qui sont très articulés. »
Des intellos «funnés» comme ça, on en prendrait probablement un peu plus. Le tournage des prochains épisodes de la série débute sous peu et vous devrez attendre juin pour replonger dans l’univers charmant des personnages de Chloé Robichaud.