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Hybrid Bodies au Centre Phi: le résultat d’une longue collaboration entre scientifiques et artistes

Le Centre Phi accueille jusqu’au 15 mars le projet pluridisciplinaire Hybrid Bodies. Quatre artistes présentent pour la première fois, publiquement, des œuvres créées suite à leur collaboration avec des scientifiques sur les effets émotionnels et psychologiques de la greffe cardiaque.
 
Vous êtes-vous déjà demandé comment on vit au quotidien avec un cœur qui n’est pas le sien? Finit-il par le devenir? Une question, le moins que l’on puisse dire intéressante, qui pousse à plusieurs réflexions identitaires. C’est exactement ce que l’exposition Hybrid Bodies interroge au travers de diverses notions comme le don, l’intrusion, l’acceptation et le refus.
 
Il y a plus de huit ans à Toronto, la cardiologue Heather Ross a observé que ses patients n’étaient pas toujours en harmonie psychologiquement et émotionnellement avec leur greffe du cœur, contrairement à ce que nous pourrions penser. Une équipe scientifique de recherche transdisciplinaire invite alors les artistes Ingrid Bachmann, Andrew Carnie, Catherine Richards et Alexa Wright à regarder plusieurs heures d’entrevues filmées de leurs patients. Conclusion? « Il existe une contradiction notable entre ce que les patients disent et le langage de leur corps », nous explique Wright.

Du point de vue scientifique, le cœur est un organe musculaire et sa greffe est une opération reconnue. Mais le cœur, c’est aussi le symbole archétypal de l’amour et représente la vie. Pendant plusieurs années, en collaboration avec les scientifiques, les artistes ont exploré les problématiques de la réciprocité, de l’identité, de l’incarnation. Résultat? Des œuvres fortes, engagées et étonnantes qui expriment leurs visions et points de vue. Le processus artistique d’exploration n’est pas si différent de celui de la science, souligne Catherine Richards. « Il existe une manière commune de travailler, même si le but n’est pas le même. »
 
On pourra difficilement ne pas être troublé par la série de vestes en feutre d’Alexa Wright dans lesquelles de petits haut-parleurs sont installés pour dévoiler des témoignages troublants. La moitié parle de l’expérience de la transplantation. Et l’autre moitié, des relations intimes. « Il y a là une sorte d’échange intime, un échange physique ou émotionnel entre les gens », nous raconte l’artiste. Vous serez invité à faire un passage par les toilettes durant votre visite pour vous laisser surprendre par la série A Tender Heart d’Andrew Carnie. Six gros savons en forme de cœur reposent sur le comptoir des lavabos, retenus par des cordes attachées au plafond.  

Hybrid Bodies est une exposition hors du commun qui mélange différentes expériences visuelles, auditives et sensorielles pour nous faire découvrir les effets de la greffe du cœur. Le résultat de cette longue collaboration entre scientifiques et artistes est absolument poignant.

Lecture proposée : L’Intrus (Edition Galilée – 2000) du philosophe français Jean-Luc Nancy qui y raconte dans sa greffe du cœur.

 
Hybrid Bodies
Exposition du 23 janvier au 15 mars 2014
Espace C du Centre Phi | 407, rue Saint-Pierre | phi-centre.com

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