Tout le monde a son opinion sur The One. Les romantiques plus rêveurs trouvent le concept tripant, les pragmatiques plus anaux le trouvent ridicule, alors que d’autres croient que c’est avant tout une question de choix. (Mais si les The One se choisissaient, tout le monde serait en couple et heureux, non?)
Pour moi, The One est seulement l’idée d’une personne avec qui ça clique vraiment. Évidemment, ça demande quand même des efforts et des compromis et bla bla bla… Mais tout ce bout-là est le plus facile. Le plus tough, c’est de se trouver.
Idéalement, ça se ferait toujours à la Slumdog Millionaire où le dude était certain d’avoir trouvé la bonne à cinq ans. Tu coches ça en début de vie et c’est réglé. Bonne chose de faite! Plus vieux que ça, ça devient stressant.
Dans une vie, il y a quand même pas mal d’occasions. Plus que t’es joli et extraverti, plus que ça augmente le débit. Mais même si les occasions sont nombreuses, elles ne suffisent pas toujours. Et t’es souvent dans la même talle. S’il y a 1000 The One qui t’attendent au Japon et que toi tu perds ton temps ici, t’es sucké!
Si la vie était bien faite, on aurait le temps de vérifier notre compatibilité avec toute la planète! Un speed dating planétaire. Mais la vie humaine, c’est crissement court. Même en crevant à 150 ans, on serait très loin d’avoir passé tout le monde. (Et la vie sexuelle des gens de 150 ans, ça l’air ordinaire.)
Selon mes super calculs, ça prendrait au moins 100 000 ans (sans dormir) à 15 minutes par personne pour faire le tour. Je sais que 15 minutes pour connaître quelqu’un, c’est plutôt court, mais c’est une moyenne. Si l’autre sent le diable ou essaie de te mordre le front, quelques secondes devraient suffire.
Mais bon, dans la réalité plate d’une vraie vie, on n’a pas vraiment de quota de temps à allouer par individu. Il n'y a pas de liste, peu de temps, et il faut que le contact se fasse, peu importe comment.
Il faut arriver à se spotter. Se remarquer.
Il y a des fois où je marche sur un trottoir achalandé et je me mets à chercher une connexion. Je marche sur Sainte-Cath et j’enchaine discrètement les eye-contacts avec un maximum de passants. Chaque regard se maintenant que pour quelques millisecondes. Plus le regard est plaisant, plus le temps prend son temps. À chaque transition, j’espère enfin tomber sur cette personne spéciale. Ce regard qui s’illuminerait en même temps que le mien. Ce déclic. Avec le temps qui s’arrête et la musique qui part.
Bon, des filles canons qui me font décrocher la mâchoire, il y en a à profusion, mais ce moment unique où l’on s’arrête tous les deux de marcher sous le choc d’avoir enfin trouvé? Je ne l’ai pas encore vécu.
Peut-être parce que The One n’existe pas, mais sûrement plus parce que j’ai une gueule ordinaire. J’imagine qu’une jeune babe colombienne à la Shakira croise vingt-deux The One par coin de rue. (The Twenty-Twos.)
Être particulièrement sex, ça te rend plus facile à repérer. Quand on mate les gens en marchant, on les filtre en fonction de ceux qui ont le regard sexe, la face sexe, le corps sexe, la démarche sexe… Ça fait beaucoup de prérequis avant de se rendre au reste.
D’valeur que le débit de nos regards soit trop petit pour y transmettre aussi notre personnalité. (Et notre CV.) Ça aiderait tous ces gens qui gagnent à être connus. Un court regard et ce serait fait.
Ce n’est pas que je veule tout savoir de l’autre avant même d’entrer en relation. J’ai zéro besoin de connaître toute sa vie à l’avance. J'aimerais seulement savoir si ça fitte. S’il y a une chance que ça termine bien. En fait, même pas besoin que ça se termine bien. (Ou que ça se termine.) Juste de savoir que ç’en vaut la peine.