Il nous arrive trop souvent de passer à côté de bons livres parce qu'on a peu ou pas entendu parler de leurs auteurs. Voici six découvertes à faire cet hiver.
Roman – Demoiselles-cactus de Clara B.-Turcotte. Leméac, 21,95$, en librairie.
À 25 ans, Mélisse est anorexique et fréquente sans joie un groupe de soutien pour les gens souffrant de troubles alimentaires. Les choses se corsent quand elle emménage avec un homme qu’elle soupçonne peu à peu de pédophilie. Une écriture vive et rebelle, un ton piquant, comme des ongles qui nous rentrent dans la peau.
Phrase-choc : « De toute façon, chaque relation que j’ai eue débutait par une impression de gomme en dessous d’un soulier. »
Nouvelles – Douce détresse d’Anna Leventhal. Marchand de feuilles, 21,95, en librairie.
Peu importe l’univers dans lequel nous plonge l’auteure, qu’on suive une jeune lesbienne qui se rend au mariage de sa cousine ou une femme en phase terminale d’un cancer, il y a dans la plume d’Anna Leventhal une ironie sucrée et touchante – bien traduite par Daniel Grenier – qui rend tout ce beau monde tellement humain.
Phrase-choc : « Tous les gars de mon âge ont des visages comme des miches à moitié cuites. »
Roman – Falaise de Guy Verville. VLB, 25,95$, en librairie.
À la mort de leur père, deux frères et deux sœurs retournent à la maison familiale, qu’ils ont désertée il y a 15 ans, où les attend leur mère. Des retrouvailles à la fois joyeuses et amères…La famille pourra-t-elle se raccommoder? Ce roman est lourd de secrets, de colère refoulée, avec quelques petites craques laissant entrer la lumière.
Phrase-choc : « On n’apprend jamais à ne pas dire jamais, tout comme on se surprend sans cesse à espérer toujours. »
Nouvelles – Le repaire des solitudes de Danny Émond. Boréal, 19,95$, en librairie.
De très courtes histoires, comme autant de coups de fouet qui claquent, se font l’incarnation de la cruauté du destin dans ce recueil de Danny Émond. Bonjour l’angoisse! Et pourtant, on se laisse conquérir par son regard assurément pessimiste parce qu’il se déploie dans un style élégant mais également économe et tranchant.
Phrase-choc : « Très tôt, j’ai surpris le réel en flagrant délit d’insignifiance. »
Roman – Car la nuit est longue de Sophie Bérubé. David, 21,95$, en librairie.
Un soir comme les autres, Christophe attend sa femme Kaï, mais quand celle-ci rentre, il découvre qu’elle a été violée. Pour survivre et tenter de gommer la douleur, l’homme va passer la nuit à ses côtés à lui raconter leur histoire. L’auteure réussit un (rare) point de vue masculin, tout en sensibilité, sur ce drame horrible et pourtant trop commun.
Phrase-choc : « J’ai perdu quelque chose ce soir, quelque chose qui ne m’appartenait même pas. »
Roman – Le tao du tagueur de Serge Ouaknine. XYZ, 21,95$, en librairie.
Serge Ouaknine signe un premier roman ancré dans l’univers mystérieux des graffiteurs, dont la forme et le style collent bien à l’intensité de ces artistes urbains. L’histoire : la rencontre entre Leily, une calligraphe chinoise, et Panda, qui a laissé tomber une carrière en pub pour se consacrer au « tag », sera source d'étincelles créatrices.
Phrase-choc : «Les murs sont la peau d’une Jeanne d’Arc à l’envers qui prétend faire sortir la voix cachée qu’elle entend dans la pierre ou le béton. »