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Le mot de la rédactrice: 281
Crédit: Fabienne Legault

Dans un but purement sociologique (!!), je me suis rendue mardi soir à la soirée VIP-médias du 35e anniversaire du 281. Je voulais voir ce qui se tramait derrière les portes closes de cet unique cabaret érotique pour femmes au Canada et comprendre ce qui attirait tant de filles là et depuis tant d’années. J’espérais découvrir le secret de ce bar de danseurs nus qui perdure au fil du temps et qui est devenu une véritable institution à travers le pays! Et my god que je n’ai pas été déçue!  Ha! Ha! J’ai découvert un univers flamboyant, sensuel, divertissant et extrêmement respectueux pour les danseurs comme pour la clientèle. Des pompiers, des gars de la construction et des gladiateurs se sont succédé sur scène, mais surtout, des hommes sexy, organisés, sérieux, superbes et qui sont heureux d’exercer ce métier pour les femmes. J’y ai aussi découvert une clientèle féminine de tous âges et de tous milieux, qui semblait s’amuser pas mal!

Le 281 répond à un besoin

Ouvert en 1980 par M. France Delisle, dans un Québec en plein changement social et dans lequel les femmes s’émancipaient, le 281 a connu un succès instantané. «Il y avait un timing excellent, les femmes vivaient beaucoup de frustration et elles réclamaient l’égalité des sexes», explique la propriétaire Annie Delisle, qui a repris la barre de l’entreprise familiale il y a une dizaine d’années. «Mon père a ouvert le club en se disant que si les femmes dansaient nues, pourquoi pas les hommes aussi? Il voulait combler le désir des femmes.» Et il avait misé juste. Au moment de l’ouverture, des autobus remplis de femmes provenant des quatre coins de la province débarquaient au club. Devant le bar de trois étages, ouvert 7jours/semaine, de 14h à 3h AM, des files interminables se formaient! Des femmes qui avaient élevé leurs enfants, qui travaillaient et qui parlaient d’égalité des sexes. Aujourd’hui encore, on parle d’environ 1000 femmes par semaine qui sortent au 281, mais d’une clientèle plus jeune.

Plus qu’une affaire de fesses; un lieu de divertissement !

Le 281 a sa place dans l’industrie du divertissement. «La fille qui a envie de sortir peut aller voir un show d’humour, aller au resto ou venir chez nous !», explique Annie Delisle. «Avant c’était une revanche sociale pour les femmes, aujourd’hui, le 281 c’est une activité parmi tant d’autres.» Et c’est vrai qu’on ne se sent pas du tout dans un bar miteux et glauque, comme on peut imaginer la plupart des clubs de danseuses. «On ne s’adresse pas du tout à la même clientèle!». «Un bar de danseuses, c’est beaucoup plus calme, les gars y vont seuls ou à deux et les filles arrivent déjà presque nues sur la scène. Nous, on travaille à l’envers, on fait d’abord aller l’imagination des groupes de filles.». En effet, les danseurs arrivent sur scène tout habillés, costumés, et se déshabillent doucement, au fil d’une mise en scène rythmée et étudiée. On profite des belles jambes, des jolis torses, des bras découpés, etc. «Puis, peut-être à la fin du numéro, tu vas voir de la nudité complète ou les fesses, mais si tu es en train de fouiller dans ta sacoche, tu vas le manquer!»
Au 281, y’a pas d’isoloir, pas de tripotage de clientes, pas de sollicitation, tolérance zéro à la drogue et à l’abus d’alcool. «C’est un divertissement érotique de qualité unique et élégant dédié aux femmes et où les hommes sont bienvenus».

Des goûts qui changent

«Il y avait des femmes objets, il y aura dorénavant les hommes objets pour combler le désir des femmes !» résume bien le concept de création du 281. Et dieu sait que les goûts, les désirs, les standards de beauté et les fantasmes évoluent au fil du temps. Au début du 281, les femmes avaient droit  à des numéros de majorette avec des pompons. «Les gars avaient juste les femmes pour s’inspirer!», explique la proprio. Dans les années 80, les grands gars slim avec torses poilus, moustaches et grosses touffes frisées étaient à la mode.
 


Leonard Lalumiere, 1er danseur au 281
 
En 90, les gros gars, avec full testostérone et qui avaient l’air de motards faisaient rêver la gent féminine. Aujourd’hui, ce sont des gars plus «sages», plus «naturels» avec une symétrie parfaite du corps et de jolis abdos qui plaisent davantage aux filles. Et scoop: les femmes ne veulent même pas tant que ça voir des pénis! C’est la proprio qui nous le dit!

Hayden, un des danseurs du 281, m’explique qu’en effet, les femmes viennent chercher différentes choses au club: de la sensualité, de l’humour, certaines ne veulent que discuter, etc. Il me confie aussi, que pendant les cinq dernières années, il en vu et entendu de toutes les couleurs de la part de la clientèle. «Je me sens comme homme-objet oui, mais je ne me sens pas mal par rapport à cela! Je ne prends rien personnel et rien ne me choque plus. Je suis heureux de travailler ici!»

Le secret du 281
«On se renouvelle et on écoute nos clientes», tranche Annie Delisle. Depuis des années, l’administration travaille avec cœur, rigueur et exigence pour offrir un endroit de qualité. La gestion des employés se fait aussi dans le plus grand respect et les conditions sont bonnes pour les danseurs. «C’est une bonne ambiance avec les autres gars, on est une gang de chums, c’est très fraternel, sans compétition; comme une famille! Le bar est bien géré, la structure est efficace et on fait de l’argent!», explique Hayden. Car c’est vrai que la ligne est fine et que ça pourrait vite basculer dans le sordide. «Les femmes se sentent bien ici. Elles ont du fun, elles ne se font pas harceler ou écœurer, personne ne leur demande leur numéro de téléphone, y’a pas de drogue dans leur drink. etc. C’est un party de filles! Un événement!», ajoute Annie Delisle. Le secret est là en fait: tout le monde travaille dans le respect et sur un pied d’égalité, ce qui donne une ambiance joviale et festive.

On y retourne ?

Je ne sais pas si j’y retournerai bien souvent, mais l’opportunité était à saisir et à vivre. Je sais maintenant ce qui explique l’engouement et la perpétuité du 281. J’en garde aussi une série de très bons souvenirs en images! (Ha!Ha!). En espérant que le modèle inspire les propriétaires de bars érotiques…

 

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