Avec la refonte imminente du Code de la Sécurité routière, attendue à l’automne, ainsi que le récent accident ayant impliqué la journaliste Isabelle Richer, la question du port obligatoire du casque à vélo refait surface. Bien que je sois pour le port du casque en général, je me positionne contre le fait d’imposer le port du casque à tous les cyclistes par voie législative. Voici pourquoi :
1 – Le port du casque confère un faux sentiment de sécurité. Plusieurs cyclistes affirment prendre plus de risques et être plus téméraires lorsqu’ils portent leur casque. Cela est aussi vrai du côté des automobilistes. Ceux-ci seraient moins prudents avec les cyclistes avec qui ils partagent la route lorsque ceux-ci sont munis d’un casque protecteur, selon la documentation disponible. On cible donc le mauvais problème, à mon avis. Ce qu’il faut, c’est de s’assurer d’un meilleur partage de la route entre tous les usagers.
2 – L’augmentation des coûts reliés à la pratique du vélo résultant de l’obligation de se munir d’un casque risque d’avoir un effet dissuasif sur la pratique de celui-ci, particulièrement sur les familles à faible revenu, alors qu’on cherche par tous les moyens à favoriser les modes de transports actifs et les saines habitudes de vie. D’ailleurs, je vous laisse deviner ce qui coûte plus cher à la société entre les traumatismes crâniens subis par les cyclistes et tous les problèmes de santé reliés à un mode de vie sédentaire. Aussi, avec les millions de dollars investis dans BIXI depuis sa création, ce serait assez stupide d’enlever tout le segment de marché des utilisateurs ponctuels. Rien de moins qu’une mise à mort du service.
3 – L’efficacité du casque demeure incertaine. Malheureusement, puisqu’on doit rechercher un compromis entre légèreté, aération adéquate et protection, l’efficacité du casque protecteur est remise en doute par bon nombre d’experts. Certes, lors d’un impact frontal à 20km/h, celui-ci offre une protection optimale, mais les manufacturiers avouent eux-mêmes que la protection est nettement insuffisante lors d’un impact latéral, ce qui constitue, selon moi, la majorité des collisions automobilistes-cyclistes. Aussi, les coussinets servant à maintenir le casque en place se détachent souvent de celui-ci, ce qui fait en sorte que le casque est souvent mal positionné. D’ailleurs, on rapporte même que certains accidents auraient pu être causés par le casque lui-même (obstruction de la vision, sangles mal attachées, etc). Plusieurs ajustements technologiques sont donc nécessaires avant de pouvoir prétendre que le casque protecteur est d’une efficacité irréprochable.
4 – Selon l'Institut national de santé publique du Québec (2009), 3 fois plus de traumatismes crâniens accidentels sont liés aux collisions chez les automobilistes (16,1 %) que chez les cyclistes (5,8 %). Sous cet angle-là, on pourrait dire qu’il est plus sécuritaire de rouler à vélo sans casque que d’être en voiture sans casque, ou même de marcher sans casque. Ce qui est bon pour pitou est bon pour minou, non? Combien d’automobilistes seraient prêts à mettre un casque lorsqu’ils utilisent le réseau routier? Aucun.
5 – L’infantilisation associée à une telle législation. C’est un cliché, certes, mais c’est tellement fâchant que la majorité qui roule ait à payer pour les quelques personnes qui se sont blessés. Par ailleurs, dans le monde, une telle mesure législative est loin de faire l’unanimité. Seuls l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont légiféré dans ce sens. Même les pays qui constituent en quelque sorte une mecque pour les cyclistes (Pays-Bas, Danemark, Belgique) ne se sont pas engagés dans cette voie.
Je terminerai en vous invitant à prendre connaissance du mémoire de Vélo-Québec à ce sujet, sur lequel je me suis grandement appuyé pour faire valoir mon point.
Bonne ride! Soyez prudents!