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Le Mousso : du grand art sur la rue Ontario Est
Crédit: Sophie Ginoux

Antonin Mousseau-Rivard n’a pas un parcours typique. Il faut en fait plonger dans ses racines artistiques pour comprendre son approche de la cuisine, puisqu’il est le fils du chanteur Michel Rivard et de la comédienne Katerine Mousseau, ainsi que le petit-fils du peintre Jean-Paul Mousseau, un des signataires du Refus Global. De cet héritage, il a appris le goût du risque, de la provocation et la recherche de la beauté. Il a tour à tour dessiné, graffité et rappé. Mais la cuisine l’appelait encore et toujours depuis l’adolescence entre deux projets. Jusqu’à ce qu’il rentre comme cuisinier au restaurant Le Contemporain, au MAC, pour en devenir chef quelques mois plus tard. « Ça a été une bonne école, même si je n’ai jamais pu faire de ce resto celui que je voulais. Il fallait que je me batte pour tout. » Une liberté d’action qu’il a décidé de revendiquer pleinement en ouvrant officiellement Le Mousso le 30 septembre prochain.
 

Crédit photo Sophie Ginoux

 
Objectif affiché du Mousso? Nous inviter à la découverte. « C’est l’anti-MAC, mais avec la même équipe qu’au MAC », dit le chef à la blague. » Le concept repose sur un menu changeant au fil des jours, des arrivages et de l’inspiration du chef, avec une formule carte blanche audacieuse de 6 à 8 services, si on le désire accompagnée d’accords avec des vins et des alcools. Pas banal. « Il sera toujours possible de prendre des plats de cette carte individuellement si on se présente sans réservation, mais toutes les personnes qui auront pris leur place en avance sauront qu’elles partent pour l’aventure », explique Antonin.
 

Crédit photo Stéphane Lajeunesse

 
Une aventure qui débute par l’endroit-même dans lequel Le Mousso est installé, à savoir un ancien magasin de meubles sur deux étages que le chef de 31 ans a reconverti en espace de salle à manger surprenant sur un étage et demi avec au centre, en contre-plongée, une grande cuisine ouverte que l’on nous invite à regarder, voire à longer si on veut se rendre aux toilettes. Pour moi qui adore voir les cuisiniers à l’œuvre, c’est un vrai bonheur.
 

Salle en mezzanine
Crédit photo Sophie Ginoux

Cuisine ouverte
Crédit photo Stéphane Lajeunesse
Le chef en action
Crédit photo Sophie Ginoux

Une fois un petit cocktail maison dégusté sur la partie mezzanine de la salle à manger, me voilà prête à me faire surprendre les papilles. En consultant le menu du jour à même une feuille de papier, je découvre que le chef a choisi une formule de sept services. Alors, que le spectacle commence! Et le premier numéro est réussi avec une onctueuse crème de céleri autour de laquelle on a disposé de la truite fumée au foin, des chips de peau de truite, du caviar de truite et de la cendre du foin utilisé. Constat identique par la suite avec du poireau brûlé à la torche servi avec des beurres noisettes solidifiées et des moules, ou encore avec un tartare d’agneau accompagné de bacon d’agneau, de cheddar déshydraté et d’une fleur de monarde.
 

Crème de céleri et truite
Crédit photo Stéphane Lajeunesse

 
Toutefois, mon cœur et mes papilles ont chaviré pour le second plat de la soirée : une carotte « chewy «  confite dans de l’huile de tournesol, entourée de jeunes pousses de carottes acidulées, un cake d’épices et un aérien lait de chèvre. Une présentation superbe – marque de fabrique du chef, faut-il le dire – et, surtout, un parfait équilibre des saveurs et des textures. Du grand art.
 

Variation de carottes
Crédit photo Sophie Ginoux

Second coup de cœur de mon repas : de la morue servie sur un lit d’orge, de blé et de seigle baignant dans du jus de poulet (bon à s’en lécher les doigts) et surmontée de poudre d’œuf confit de pintade et de fines tranches de champignons de pin. Un plat gourmand, réconfortant, avec une belle structure et juste ce qu’il faut d’originalité.
 

Morue, céréales, champignon de pain
Crédit photo Sophie Ginoux

Enfin, il faut parler du bœuf cuit 72 heures et accompagné d’oignons à la plancha et de pouces de capucines. L’approche est peut-être moins audacieuse que d’autres plats du menu dégustation, mais quel régal! La viande est d’une tendreté exceptionnelle, sa texture encore saignante malgré la longue cuisson. On aurait peut-être pris un tout petit peu plus de jus, mais l’accord est parfait avec les oignons croquants et dorés à souhait.
 

Boeuf et oignons
Crédit photo Sophie Ginoux

Le plaisir s’est poursuivi avec un dessert surprenant de crème glacée au babeurre, accompagnée de pommes, d’oseille et de meringue de poire. Que dire de plus? Le Mousso tient ses promesses et va ravir les foodies qui l’attendaient avec impatience. Quant à ceux qui sont moins aventuriers, n’hésitez pas à vous faire une place lorsque le resto n’est pas plein, vous pourrez ainsi choisir le plat qui vous tentera le plus. Un vrai coup de cœur!
 
Le Mousso
1023, rue Ontario Est, Montréal
438 384-7410

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