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Prends le temps de parcourir la puissante expo de Patrick Bernatchez au MACM
Crédit: Lost in Time (2014) de Patrick Bernatchez

Jusqu’au 10 janvier 2016, les créations de Patrick Bernatchez, Dana Schutz et Camille Henrot – trois artistes aussi complémentaires que talentueux – sont exposées au Musée d’art contemporain de Montréal. Nightlife.ca a eu la chance de s’entretenir avec le Montréalais Patrick Bernatchez pour discuter de son corpus fascinant.
 
Salué pour ses films I Feel Cold Today et Chrysalide : Empereur lors de la Triennale québécoise en 2008, Bernatchez a été finaliste pour le Prix Sobey en 2010. Son talent a séduit l’Europe avec des expositions individuelles à Paris, Berlin et la Haye au cours des dernières années. Il présente aujourd’hui, à Montréal, un corpus passant en survol plus de dix années de travail.
I Feel Cold Today (2007) de Patrick Bernatchez (Collection privée, Montréal)
 
Je l’entends avant de la voir. Son exposition Les temps inachevés résonne depuis l’entrée du musée, à travers des notes de piano entremêlées, intrigantes. Je monte les escaliers à la hâte, guidée par la mélodie. Au détour d’un mur blanc, j’entre enfin dans l’univers de Bernatchez. Les œuvres présentées sont le fruit de deux cycles de création : Chrysalides (2006-2013) et Lost In Time (2009-2015), révélant une pratique pluridisciplinaire complexe. Dessins, sculptures, sons, films, photographies, objets. Ces œuvres éclectiques sont liées, s’articulant autour d’un même thème : le temps. Un hommage à cette notion insaisissable pour l’Homme qui mystifie et fascine depuis la nuit… des temps.
 
« Le titre Les temps inachevés retranscrit le rapport que j’ai avec mes œuvres », me confie Patrick Bernatchez. « Une pièce ayant une forme bien précise sera fondamentalement différente selon le lieu où elle est exposée. Elle s’adapte au contexte et aux contraintes de son environnement. J’en conclus que mes travaux sont en mouvement. Ils sont donc inachevés. »
 
Parmi ces nombreuses réalisations, je m’attarde particulièrement à ses dessins. Petits, discrets, mais définitivement captivants. « Quand je fais des dessins, je ne réfléchis pas, je médite », dévoile-t-il. « C’est une zone de confort dans laquelle je me retrouve. Ces rares instants de solitude me permettent de puiser mon inspiration. Mes projets sortent de là. »
Chrysalide 7 (2006) de Patrick Bernatchez (Collection Alain Tremblay, Montréal)
 
Face à nous figure un écran où l’on voit un pianiste jouer une partition à l’envers. « J’ai mis énormément de temps à trouver la musique qui me permettrait de la retourner sans perdre sa force narrative », explique l’artiste. Ce qui aurait pu être un brouhaha infernal offre une sonorité différente, qui ne perd en rien sa puissance et dont l’écoute n’en est que plus intense.
 
Dans un couloir, je fais une autre découverte déroutante : une montre qui semble ne pas fonctionner. Pourtant, un incessant tic-tac, tic-tac résonne dans mes oreilles. Je comprends qu’il s’agit en réalité d’une montre «anti-temps» qui n’a rien à voir avec l’échelle des heures, minutes et secondes telle qu’on la connaît. Mesurant les millénaires, il est impossible de voir bouger l’aiguille à l’œil nu. L’artiste québécois m’éclaire: « BW est une montre qui me permet de questionner notre rapport au temps. Elle rappelle qu’il est bien plus important de savoir qui on est plutôt qu’à quelle seconde on est. »
 
Ces quelques œuvres ne sont qu’un extrait de cette exposition. Je vous laisse découvrir le reste. Allez-y, prenez le temps !
 
Les Temps inachevés de Patrick Bernatchez
Présenté jusqu’au 10 janvier 2016 au Musée d’art contemporain de Montréal

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