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Ils étaient tous mes fils chez DUCEPPE : du théâtre comme on l’aime
Crédit: Caroline Laberge

Théâtre DUCEPPE. Oui, on le sait: des fauteuils hyper confortables, une salle remplie de têtes blanches et des pièces qui fournissent les clés de l’énigme. Sauf qu’avec la pièce Ils étaient tous mes fils d’Arthur Miller, il faut ajouter : du très bon théâtre interprété par une distribution remarquable.
 
 
Présenter une pièce d’Arthur Miller chez DUCEPPE n’a rien d’innocent; on doit la création de la compagnie à Jean Duceppe (le père de Gilles) qui a pris le pari en 1973 d’offrir le théâtre aux Québécois en présentant notamment La mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller. Plus de quarante ans plus tard, DUCEPPE est encore là et présente son lot de classiques qu’on se plait à (re)voir – un peu comme lorsqu’on commande une tarte Tatin au resto, sachant bien qu’il n’y aura rien de funky, mais qu’on se régalera jusqu’à la dernière bouchée.
 
Pour cette édition 2015, la pièce américaine a été adaptée en français québécois par David Laurin – pas en gros joual –  mais en français qui nous laisse croire que l’action de la pièce aurait pu se dérouler dans une petite ville pas très loin d’ici, plutôt que dans son Ohio de 1947. L’histoire se résume simplement, mais est livrée avec vérité et puissance. Quelques années après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, deux frères; l’un porté disparu au combat, l’autre rentré au bercail pour essayer de poursuivre sa vie. Il tente notamment de reprendre la compagnie familiale et d’épouser la fiancée de son frère entre une mère qui ne veut rien oublier et un père qui tente de faire oublier les accusations criminelles l’inculpant d’avoir contribuer à la mort de soldats en vendant des pièces d’avion défectueuses.
 
L’histoire semble tracée d’avance, mais nous réserve un lot de surprises, de frissons et surtout, de rires bien sentis. À certains moments, l’humour a une place si importante qu’on se demande bien comment ce rêve américain pourrait tourner au vinaigre. Puis la part de drame arrive, livrée par un Michel Dumont au talent légendaire et un Benoît McGinnis qui passe à travers une foule d’émotions avec justesse et générosité. Louise Turcot est attachante et poignante dans le rôle de la mère alors qu’Évelyne Rompré nous offre une jeune fiancée pleine de caractère. Vincent-Guillaume Otis, que Série noire nous a habitué à voir dans un style plus déjanté, nous propose un jeune avocat touchant et fragile.
 
Mention d’honneur au jeune Xavier Loyer, 13 ans, qui livre avec assurance ses répliques devant une salle comble (et qui, on doit le souligner, est chanceux de se coucher si tard / monter sur les planches de DUCEPPE). Frédéric Dubois marque également ses débuts chez DUCEPPE avec une mise en scène simple, mais rythmée, qui fait défiler la représentation de 1h55 sans perdre la cadence – il faut dire que les exclamations tonitruantes de Michel Dumont ont de quoi nous tenir en haleine.
 



 
En somme, on sort de Ils étaient tous mes fils avec beaucoup de réponses, certes, mais aussi avec une excellente soirée en poche. Comme le veut si bien l’adage : du bon théâtre, ça reste du bon théâtre (surtout chez DUCEPPE).
 
 
P.S. Arthur Miller aurait célébré son 100e anniversaire cet automne. Bonne fête Arthur!
 
 
Ils étaient tous mes fils
DUCEPPE
Jusqu’au 5 décembre 2015

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