C’est donc ben rendu branché, St-Henri.
Vous allez peut-être me traiter de vieille peau, mais moi j’ai eu un appart dans ce coin-là dans le temps où les filles passaient l’hiver au salon de bronzage. C’était l’un de mes premiers appartements, et si je me souviens bien ça nous coûtait genre 410$ à deux pour un 4 ½. St-Henri n'était pas sexy. Le quartier ne payait pas de mine et nos voisins n’avaient pas complètement toutes leurs dents. Au bar De Courcelle, sur la Notre-Dame, la serveuse pas-du-tout-sexy, vêtue d’un chandail de loup pas-du-tout-hipster, m’avait demandé c’était quoi donc les ingrédients pour faire un gin tonic…
Ça doit faire dix ans.
C’était avant que les Satay Brothers ne donnent du piquant au quartier avec leur fameuse soupe Laksa et que le Grumman 78, des effluves de fiesta mexicaine.
À chaque fois que j’y retourne, je suis émerveillée devant cette faculté qu’a Montréal de se renouveler sans cesse, et que de nouveaux coins de la ville se dynamisent si rapidement.
Dix ans seulement, et c’est méconnaissable.
Aujourd'hui, St-Henri dégouline de coolness et regorge de petits restos, d'épiceries fines, de pâtisseries créatives et de cafés branchés.
C’est dans cette effervescence qu’est né le ADAMO, le petit dernier de Tony Campanelli, qui est déjà proprio du café d’en face et partenaire du bar du coin.
Chez Adamo, on propose une pizza à la New Yorkaise, faite par des Italiens, vendue à Montréal pour un prix vraiment savoureux. 3,75$ la pointe et 22$ la pizz' taxes in. On aime ça.
Je dis restaurant, mais c’est en fait un comptoir à emporter. Il y a bien quelques endroits où se poser pour manger sa pointe au sortir du four, mais on mange debout ou assis sommairement sur un banc public, dans le petit local qui peut accueillir une vingtaine de personnes au maximum. Ça fait très "café olympico" comme endroit, avec les photos de famille au mur, la table de baby-foot et les décorations faites tout simplement de sacs de farine et de boîtes de tomates.
À manger, la pizza est fine et croustillante, servie dans la classique assiette de carton tout aussi fine.
Pas compliqué.
Tout comme le menu, qui propose trois garnitures de base et quelques pizza « spéciales du chef » : tomates-basilic, fromage, pepperoni, capicollo, pesto, jambon-ricotta, pizza bianca, et cetera.
Quand on mange la pizza ici, on l’agrémente au choix de parmesan, de piment séché, d’huile piquante ou d’autres garnitures plus ou moins orthodoxes, comme du tabasco ou encore du pesto. Et à la maison, on la met quelques minutes au four pour lui redonner un peu de oumph, et ça rentre au poste.
Pizza pesto, 3,75$
La pâte manque peut être un peu de matière et d’élasticité à mon goût. Elle ne délogerait pas les meneurs de mon palmarès des meilleurs à Montréal, mais elle a le mérite d’être originale et d’être servie dans un cadre sans prétention.
Elle a surtout le mérite d’offrir une très belle adresse aux gens du coin.
ADAMO
4629 Notre-Dame Ouest Montréal
(438) 386-1800
Photos Christine Plante