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Victime de la porn: l’amour au temps du numérique
Crédit: Johana Laurençon

Comme beaucoup de monde cette semaine, j’ai regardé le super documentaire « L’amour au temps du numérique ». Pour ceux que ça intéresse, les deux parties sont disponibles sur le site de Télé-Québec et pour les tripeux de télé conventionnelle, la deuxième partie sera diffusée ce soir.
 
Ce qui rend le documentaire si intéressant, c’est la candeur des jeunes protagonistes un peu castés comme un show de télé-réalité. On a droit à la pitoune, le romantique, la bitch, le boy-toy gai, la nymphomane et mon préféré : le délicieux douchebag. (Le voir se faire bronzer debout dans sa cabine à cancer, c’est du bonbon.)
 
Bref, des adultes neufs pleins de candeur! (Et de chlamydia.)
 
En les suivant pour quelques mois, on tente de démontrer combien la « jeune génération » contraste avec ses précédentes dans sa vision des relations amoureuses. Pourtant, ce qui m’a frappé en regardant tout ça, c’est exactement le contraire. Le début de vingtaine, c'est vraiment toujours pareil!
 
Bon, c’est sûr qu’avant internet, personne ne comptait ses likes sur Instagram et l'expression douchebag n'existait même pas, mais au niveau des enjeux de fond, qu’est-ce qui a changé tant que ça?

Voici quelques exemples des enjeux dans le docu. Si tu te sens d’adon, tu peux cocher ceux que t’as déjà vécus, pensés ou croisés.

  1. Avoir peur de s’engager.
  2. Chercher The One.
  3. Rejeter l’autre avant d’être rejeté.
  4. Être en amour avec quelqu’un qui nous voit comme un ami.
  5. Faire semblant de vouloir être seulement ami pour ne pas tout fucker.
  6. Classer les filles comme « bonne à marier » ou « bonne à baiser »
  7. Se vexer d’être seulement vu comme « fuck-friend material »
  8. Galérer avec le concept de fidélité.
  9. Vouloir jaser quand l’autre veut fourrer
  10. Vouloir fourrer quand l’autre veut jaser
  11. Commencer à réaliser que ce ne sera pas facile de rester éternellement jeune et sexy
  12. Croire au couple ouvert sans l’avoir essayé.

Qui ne se reconnaît nulle part là-dedans? Est-ce que le numérique y est pour grand-chose? J’en doute. C’est seulement du gros essai-erreur amoureux. Ils ont des plans et des théories, mais ils ne les ont pas encore confrontés à la réalité. Rien de plus normal. 
 
Le meilleur exemple est cette fille de 19 ans qui voit le couple ouvert comme une évidence. Elle est tellement sûre de son affaire! Depuis six mois, elle en amour par-dessus la tête avec son copain et même si personne n’a encore sauté la clôture, elle raconte qu’ils ont la même vision du couple ouvert. On la retrouve quelques semaines plus tard avec le cœur brisé. Son chum l’a sacrée là parce qu’elle a baisé un autre gars. Ça lui faisait trop mal. Oups.
 
C’est cruel, mais encore là, est-ce que le numérique y est pour quelque chose? Pas vraiment.
 
La révolution du numérique, c’est qu’il est maintenant possible de communiquer avec un paquet d’inconnus facilement, rapidement et constamment. Si on le désire, on peut passer d’inconnu en inconnu sans ne jamais rien approfondir avec personne. Le problème, c’est que c’est souvent dans les relations plus profondes qu’on apprend à développer notre empathie.
 
« Oh, c’était blessant pour toi, ça? »
 
Quand tout le monde cherche quelqu’un avec qui il se sent bien, mais que personne ne s’attarde à comment l’autre se sent, ça fait beaucoup d’humains qui cliquent sur le bouton « next ».
 
Et on le voit bien avec les jeunes du documentaire. Ils n’ont pas encore le réflexe de penser à personne d’autre qu’eux. Ils veulent être en relation, mais ils rushent encore à se mettre à la place de l’autre. Ils se questionnent rarement sur comment l’autre se sent. Ils tiennent pour acquis plein de trucs sans s’en parler.
 
Mais c’est normal, ils sont en début de vingtaine! (Il y a des babyboomers qui sont encore narcissiques à 65 ans!) 
 
Est-ce que le numérique a changé leur vision des relations amoureuses? Peut-être un peu. Comme à toutes les générations, ils ont regardé aller leurs parents et vont essayer de faire mieux. Est-ce que ce sera différent des glorieuses générations passées? Probablement. Et sincèrement, je leur souhaite.

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