Depuis l’annonce des invités par le service de presse de Radio-Canada mercredi dernier, beaucoup de monde attendait impatiemment la diffusion de l’émission de Tout le monde en parle du 6 mars, afin de voir Geneviève St-Germain et Sophie Durocher prendre position sur le féminisme. Un évènement d’écoute dans un bar avait lieu au Yisst et j’ai conçu, avec mes amies de Ton petit look, un bingo pour voir si le débat allait tomber dans un échange de lieux communs.
Le ton était donné avec la diffusion de l’extrait loufoque où Sophie Durocher affirmait haut et fort que son mari (Richard Martineau) était féministe. C’était comme mettre le feu aux poudres, et les réseaux sociaux ont explosé. Il n’en fallait pas plus.
Conclusion d’hier soir? L’écoute était pénible. Sophie Durocher n’avait pas dû recevoir le mémo qu’il faut attendre son tour pour parler, à la télévision, comme dans la vie en général.
Le stress et l’exaspération étaient palpables dans la voix (et la face!) de Geneviève St-Germain. Elle essayait tant bien que mal de comprendre, mais surtout de montrer que Durocher racontait, encore une fois, n’importe quoi!
Le segment ressemblait à une chicane de famille. Les invitées étaient mal choisies, Sophie Durocher peinait à se défendre, rapportant tous ses propos à sa vie personnelle. Le fait de faire un procès d’intention à la ministre Thériault avec une femme sérieuse (en la personne de St-Germain qui connaissait son affaire) et Durocher qui semblait jouer à choquer pour choquer rendant le tout vraiment inconfortable. N’aurait-il pas été plus agréable d’entendre un expert à ce sujet, plutôt que de subir ça?
Le jeu de qui-fait-la-plus-grosse-baboune
Et que dire du jeu de qui-fait-la-plus-grosse-baboune pendant que l’autre parle, qui-réussira-à-rouler-des-yeux-le-plus-fort et qui-soupir-n’a-pas-ce-qu’il-désire ajoutait au manque de sérieux du segment. Comment arrive-t-on à parler de Trump juste avant avec sérieux et rigueur, et transformer ensuite en spectacle ridicule le plateau de TLMEP lorsqu’on parle de féminisme? Comme si les revendications n’étaient pas déjà assez difficiles à porter en 2016, il fallait rendre le débat comme une chicane de cours d’école.
Le plus triste, je crois, c’est que Sophie Durocher semblait comprendre l’importance du féminisme, mais restait dans sa position «contre», comme si c’était un jeu. Le mouvement féministe met en lumière le fait que plusieurs femmes encore vivent des oppressions et de l’inégalité au quotidien. Il ne sert pas à nier que la souffrance existe ailleurs et que les hommes, par exemple, ne peuvent pas souffrir. C’est juste sa mission première que de parler au grand jour des opprimés et de la solidarité qui s’en dégage.
La plus grande ironie aura été de parler de la société du spectacle de Guy Debord, tout de suite après cet échange avec les Dead Obies. Bravo au groupe d’avoir pris le temps d’envoyer quelques flèches envers les journalistes « d’opinion », qui avait transformé le premier disque des Dead Obies en faux débat sur la langue.
La seule chose que l’émission d’hier aura permise, c’est de montrer à la face du monde qu’il est mieux de prendre un invité qui sait de quoi elle parle pour rendre un débat intéressant, plutôt que de chercher à se faire des cotes d’écoute sur le dos d’une personne qui dit n’importe quoi. Sans rancune, meilleure chance la prochaine fois!