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Être une femme et ne pas avoir peur de voyager seule
Crédit: Instagram Audrey P.M

Voyager seule, c’est la meilleure idée au monde.
 
Je sais que ça peut faire peur, parce que quand on est une fille on est souvent conditionnée à être extraprudente. On sait qu’on est parfois considérée comme une proie facile. On croit souvent qu’on est vulnérable. Ces inquiétudes-là sont normales et parfois justifiées, mais en aucun cas ça ne devrait nous empêcher de voyager seules en tant que femmes.
 
En février dernier, deux jeunes voyageuses ont été violées et assassinées en Équateur. La nouvelle a fait le tour du monde et la réaction générale sur les réseaux sociaux a été de blâmer les victimes, qui auraient eu la stupide idée de voyager seules (c.-à-d. : sans hommes). La contre-attaque fut épique et a généré le hashtag #viajosola (« Je voyage seule » en espagnol), hashtag encore abondamment utilisé, preuve que le débat fait encore rage.
 
Je sais pas vous, mais moi ça me gosse beaucoup quand on me dit que la solution pour assurer la sécurité des femmes en voyage, c’est de ne pas voyager. C’est paternaliste et surtout immensément stupide. Je sais pas tsé, peut-être que si on essayait de rendre certains endroits du monde plus sécuritaires, on toucherait un peu plus au cœur du problème.

Ma vie a changé depuis que je voyage seule. J’ai développé une plus grande autonomie, une plus grande confiance en moi et en mes décisions, je suis plus riche émotivement et culturellement. Je me sens plus forte. J’ai aussi fait de merveilleuses rencontres. Je vois le monde différemment. Le sentiment de liberté est grisant, voire addictif. Avoir accès à la beauté du monde et de l’humanité est une expérience fantastique qui devrait être accessible à tous.

 Crédit: Instagram de Audrey P.M

Bien sûr, je suis toujours prudente. Je transmets mon itinéraire de voyage à un proche. J’ai des copies de tous mes documents importants cachés un peu partout dans mes sacs. Je reste en contact avec mes proches. Le genre de geste que tout le monde devrait faire, hommes et femmes.
Cependant, étant une femme, je suis malheureusement obligée d’allumer mon 6e sens. Celui qui se met automatiquement à ON quand je rentre chez moi seule tard le soir ou quand je me fais catcaller dans la rue. Tsé, cet état d’alerte, ce radar à menaces potentielles qui fonctionne autant à Montréal qu’à Istanbul (où je ne me suis d’ailleurs jamais sentie menacée, chose que je ne pourrais dire à propos de notre belle métropole).
 
Toutefois, je sais pertinemment que même avec ces précautions, je serais probablement blâmée s’il m’arrivait quelque chose. Et c’est ça qui me met en colère. Et c’est pourquoi je vais continuer à voyager seule, malgré les risques. Parce que je refuse de céder à la peur et de me confiner aux frontières qu’on veut m’imposer. Explorer le monde et s’ouvrir à sa beauté, c’est ce que les hommes font déjà. C’est ce que de plus en plus de femmes font seules.

Et vous pourrez me compter parmi celles-ci.

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