So long, Bobards
Au coin des rues Saint-Laurent et Marie-Anne, c’est le début d’un temps nouveau.
Comme le printemps qui n’en finit plus de se faire attendre, on a l’impression que ça fait une éternité que ce carrefour est dans le deuil. Il y a eu les Bobards, d’abord, qui en fermant boutique à l’automne 2015 ont laissé derrière le souvenir de milliers de chaudes soirées d’été et une grande barricade de no man’s land. Puis, un an plus tard, c’était au tour de Léonard Cohen de tirer son ultime révérence, laissant sa voix scabreuse chanter la noirceur de l’automne, de l’élection de Trump et de toutes les amertumes de ce bas monde via un ghetto-blaster installé sur l’autel de sa résidence. Même très loin, Léo a toujours eu le chic d’habiter Montréal à sa manière.
Aujourd’hui, le printemps revient, et l’angle Marie-Anne / Saint-Laurent renait.
Darling ouvre ses portes!
Darling, c’est l’un des établissements les plus attendus de l’année à Montréal. C'est un café en matinée, un bar en soirée, et un peu tout le reste au milieu de la journée… Un lieu vaste et accueillant, magnifique, ouvert de 8h à 3h tous les jours, et très certainement, le théâtre de milliers d’autres soirées épiques, typiques de la Main.
Darling, c’est surtout l’oeuvre de 4 gars qui travaillent depuis plus de six mois pour préparer son ouverture, exactement à leur image.
Il y a Richard, l’un des frères Holder. Une famille qui se passe de présentation dans le milieu de la restauration. Et pour ceux qui ne connaissent pas Richard, sachez qu’en fait vous connaissez certainement l’un des restaurants qui figurent parmi sa longue feuille de route. Elle traverse la ville comme les époques, avec des établissements comme (feu) Le Business, le café du Nouveau-Monde, le restaurant Holder dans le Vieux, et plus près d’ici et de maintenant, le Waverly, la Brasserie Bernard, et le Majestique… Richard, c'est le chef d'orchestre de ce vaste projet.
D'abord café, ensuite bar, Richard ne cache pas espérer un jour obtenir un permis de restaurant pour le Darling: « Les restaurants, c'est beaucoup plus qu'un lieu où abreuver une soif ou colmater une faim… Ce sont des lieux d'expériences. Je ne compte plus le nombre de gens qui m'ont dit que c'était chez nous qu'ils avaient rencontré leur mari ou leur femme. » Quoi qu'il en soit, en discutant avec le charmant restaurateur, on se rend vite compte que l'idée, c'est de créer un lieu de vie.
Il y a Marcos Almaguer, le directeur général de l’établissement, qui a très rapidement roulé sa bosse dans l’industrie, passant de commis, à serveur, à gérant, à administrateur de restaurant. Grand amateur de bières, Marcos s’est aussi impliqué du côté des lignes de fûts, et plus généralement de ce que l’endroit aura à proposer en termes de bières et de cidres. Avis aux amateurs, la maison a l’intention de débiter entre 5 et 7 cidres en fûts, en plus de proposer des bouteilles plus rares ou plus classiques, du Vermont, du Pays Basque ou encore de Normandie.
Félix Waaub, qu’on connaît aussi sous le nom de « Félix du Majestique », aura besoin d’un nouveau surnom. Féling? Ce sera certainement nécessaire si le charmant barman, qui était aussi le plus ancien employé du Majestique, compte rester aussi longtemps derrière ce bar-ci. Ceci dit, on le comprendrait, parce qu’il est superbe, le bar. Un énorme cercle de bois massif trônant au centre des lieux et qui bientôt, aura beaucoup de vécu.
Finalement, il y a Thomas Csano, le décorateur-prodige. Sans vouloir enlever rien du mérite de toute l’équipe, c’est vrai que c’est le travail de Thomas que l’on remarque le plus en entrant au Darling. Lui aussi, vous le connaissez. Vous avez vu et admiré son talent dans le décor du Majestique, dans celui du Waverly, et même sur des murales de Montréal. Designer graphique, décorateur, artiste, compositeur de l’objet, difficile de croire qu’autant de talent peut tenir en une seule personne. « J’organise le chaos » résume-t-il tout simplement devant les dizaines de papiers éparpillés qui lui servent d’agenda, de to-do list et de cahier à idées. Collectionneur involontaire, c’est un ramasseur de milliers d’objets qui s’empilent doucement dans son loft du Plateau et qu’il distribue au fil de ses projets, un peu comme pour se libérer de sa compulsion.
Le chaos, au Darling, c’est des inspirations issues d’un peu partout, passant du mouvement art-déco, au steampunk (tapez ça dans Google), à l’esthétique colonialiste. Regardez au plafond, les lettres géantes qui illumineront nos 5 à 7 sont d’authentiques reliques du Théâtre Plaza, rue Saint-Hubert. Un peu plus loin, le seul vestige des Bobards consiste en une énorme pompe à gaz rouge qui devait vraiment détonner avec le décor de l’époque – plus du tout aujourd’hui. Au fond, amusez-vous à découvrir tous ces détails comme dans un musée des curiosités.
Darling est magnifique.
Et bientôt, Everybody Knows, l'endroit sera bondé.
Darling
4328, boul. Saint-Laurent
(514) 379-1233
TLJ: 8h – 3h