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La réputée DJ parisienne AZF débarque en tête d’affiche au Piknic Électronik ce dimanche!

L’incontournable rendez-vous des amateurs montréalais de musique électronique vient tout juste de révéler en grande primeur que ce sera nulle autre que la très respectée DJ AZF qui prendra le contrôle des haut-parleurs sur la scène Moog Audio du festival ce dimanche.

Active dans la scène électronique parisienne depuis maintenant plus d’une décennie, celle qui se spécialise dans la techno lourde et puissante est tranquillement en train de devenir un des phénomènes les plus intéressants de son milieu. Que ce soit par son flair artistique original ou son militantisme actif pour une plus grande inclusion de toutes sortes, elle laisse une trace partout où elle passe.

Son mot d’ordre? Ne pas se restreindre aux codes et aux genres, et ce, autant dans la sphère culturelle que sociale, pour faire avancer les choses. La force de sa proposition l’a mené à certains des festivals les plus prestigieux d’Europe, dont l’Astropolis, The Peacock Society et Dour. Non mais, Montréal n’a qu’à bien se tenir!

Fraîchement arrivée dans les rues de la métropole québécoise, AZF se prépare déjà à tout ravager! On est allé à sa rencontre pour en savoir davantage sur son art, sa démarche et ce qu’elle prépare pour son set au Piknik Électronik.
 
C’est ton premier passage à Montréal. Comment ça se passe? T’as fait des découvertes intéressantes?
C’est effectivement ma première fois ici. J’étais au MAC ce matin, j’étais au Jardin botanique hier. Je fais des trucs de touristes. J’aime bien la ville et la vibe en général. C’est l’Amérique du Nord, mais en plus relax. C’est un peu plus près de nous, en quelque sorte. En plus, c’est les vacances. Je suis très contente d’être là.
 
Pour le public local qui ne serait peut-être pas trop familier avec ce que tu fais, comment décrirais-tu ton style? Qu’est-ce qui le caractérise?
Ce qui le caractérise, c’est l’énergie. J’ai un style techno très rythmique et plutôt sombre qui est très européen, même si maintenant j’ai envie d’aller un peu plus vers la lumière, toutes proportions gardées. Au niveau du son, je suis davantage dans la techno anglaise avec des kicks très saturés, beaucoup de textures et une grosse distorsion. Je ne joue pas du tout de la techno typique de Détroit qu’on retrouve un peu partout en Amérique du Nord, qui est justement plus mélodieuse, même si elle peut être aussi assez sombre. Je viens vraiment d’un courant plus industriel.
 
Qu’est-ce qui accroche ton oreille dans un morceau qui fait qu’il peut se retrouver dans un de tes mixes? Quelle est la marque que tu recherches?
J’essaie justement de ne pas en avoir parce que sinon, tu joues un seul style. J’ai des potes qui sont hyper sévères et qui filtrent les morceaux de manière très spécifique. Je ne suis personnellement pas du tout comme ça. Je suis très tolérante à l’égard de la techno. Je peux jouer des morceaux pas nécessairement finis de jeunes producteurs si je sens qu’il y a une vibe intéressante et que c’est dans mon mood. Je peux aussi jouer des gros classiques que tout le monde connaît si je suis dans ce vibe-là. J’ai pas de barrières là-dessus. J’essaie d’être tout le temps en mouvement.
 
Tu as commencé à mixer de la techno brutale dans les années 2000 parce qu’à tes débuts, tu étais très en colère contre la société. Maintenant que tu as pris une certaine maturité et un certain recul avec l’âge, sens-tu que tes sets pourraient aller dans une autre direction ou est-ce que tu comptes toujours représenter cette signature très directe qui t’a fait connaître dans la scène électronique?
Toujours. On appelle ça la « caillera » en France. C’est en moi et ça ne partira pas. C’est ma façon d’appréhender le monde qui s’est construite comme ça. Je serai toujours en colère. Maintenant, j’arrive à mieux la canaliser et à la mettre dans mes projets ou dans mes mixes. Je fais quelque chose de positif avec cette énergie, mais il y a toujours énormément de choses qui me révoltent. Je suis quelqu’un d’assez politisée et sensible à ce qui se passe autour de moi, à ce que fait mon gouvernement. Quand on regarde en ce moment ce qui se passe en France, il y a de quoi être révolté et je ne pense pas que ça s’arrêtera. Je pense que je mets ma colère autre part. Je pense qu’en jouant, je fais ma psychanalyse et c’est ça qui est fort. C’est aussi pour ça que j’aime faire ça.
 
En tant qu’artiste queer, tu milites activement pour la communauté LGBTQ+ et les causes féministes en général. Tu n’as pas peur de prendre la parole publiquement pour affirmer tes opinions. On t’accueille de plus en plus en résidence et en headline. Sens-tu que la musique électronique est actuellement une bonne plateforme pour militer et faire avancer les causes? Comment est-ce que tu transposes ton militantisme dans ce que tu proposes au public?
Je ne le transpose pas directement. Je ne milite pas quand je fais de la techno. Je le fais avant et après mes DJ sets. Mon militantisme, c’est tout ce qu’il y a autour : ma façon de répondre aux questions, ma dégaine, ma façon de me positionner dans cette industrie, le fait de ne pas me victimiser, etc. Lorsque j’entre en scène, je suis là pour me mettre au service de la musique. J’essaie de créer un espace de paix et de partage parce que ça reste ça le club pour moi. Si j’arrive en imposant une musique trop orientée, je perds ça de vue et ça m’embête. Par contre, je prends position partout ailleurs. Je le fait en refusant les codes qui soient trop féminins et/ou trop masculins. En fait, je combats le genre partout. Je pense que c’est ça mon positionnement. Je le combats même dans ma façon de performer quand je joue tous les styles de techno. J’aime pas les choses genrées. Ça m’emmerde. J’aime briser les cadres.
 
Tu as fait partie de la scène underground parisienne pendant un bon moment. T’as longtemps rêvé d’en sortir et de pouvoir présenter ce que tu faisais au monde extérieur. T’as maintenant des dates au Canada, au Royaume-Uni, au Pays-Bas, etc. Sens-tu que t’as enfin réalisé ton objectif ou c’est plutôt le début de quelque chose de plus grand pour toi?
C’est le début. Ce sont les premiers pas. J’ai une mentalité de rappeur dans la techno. Je veux tout casser. J’ai réussi à faire un peu ce que je voulais en France, c’est-à-dire que j'ai joué où je voulais jouer et j'ai mené des projets que je voulais mener. Je suis très attachée à ma scène et j’ai envie de l’aider et la soutenir et plus j’irai loin, plus je pourrai la soutenir. Mais voilà, c’est le début. Je suis toujours heureuse de bouger pour ma musique. Ce qui est intéressant, c’est la découverte des publics, des villes, des cultures. Le Québec, ça fait donc partie de cette démarche. Maintenant je peux même emmener des potes avec moi, donc ça avance. Je suis fière de ça. C’est bien parti.
 
T’es passée à d’impressionnants évènements et festivals dans le monde de la musique électronique, notamment Astropolis, The Peacock Society et Dour. Qu’est-ce que ça symbolise pour toi de performer au Piknic Électronik de Montréal pour la première fois?
Je suis une performer, ça me fait kiffer de battre des records et de franchir des barrières. Je marche beaucoup aux symboles, donc j’aime bien gravir des marches et abattre certains symboles les uns après les autres. Un bon DJ, c’est quelqu’un qui sait ce qu’il doit faire au meilleur moment. Je ne prépare jamais vraiment mes trucs. J’essaie toujours d’être le plus libre possible. J’arrive sur les lieux, je sens un peu le truc. Je sais qu’en ce moment, il y a des morceaux que je kiff et que je veux faire jouer, mais je ne sais pas dans quel ordre je vais le faire. Il y en a plein d’autres qui vont s’ajouter et je ne sais pas encore ce seront lesquels. Pour mon passage à Montréal, je vais faire la même chose qu’à Dour ou ailleurs. Je vais essayer de tout casser.

Piknic Électronik MTL #14: Desert Hearts / OCTOV
19 août 2018
Île Sainte-Hélène

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