La Québécoise Chloé Robichaud souhaite que son premier long métrage fasse réagir à Cannes
Michael-Oliver HardingLes Québécois ne se plaindront pas d’être laissés pour compte aux grands rendez-vous du septième art. Poursuivant sur l’incroyable lancée de « nos » trois films en nomination en autant d’années aux Oscars, le Québec verra cette semaine deux de ses cinéastes les plus prometteurs – Sébastien Pilote avec Le Démantèlement et Chloé Robichaud avec Sarah préfère la course – fouler le tapis rouge du grand bal cannois.
Robichaud, cinéaste de 25 ans à qui l’on doit l’excellent court métrage Chef de meute (sélection officielle à Cannes en 2012), souhaite d'abord et avant tout que son premier long métrage se fasse remarquer. Sarah préfère la course sera présenté dans la section Un certain regard, aux côtés des œuvres d’illustres créateurs tels que Sofia Coppola, James Franco et Claire Denis. Pas mal du tout. « Il y a de belles soirées festives et c’est très glamour, mais en même temps, il faut s’assurer que son film ait une belle vie, souligne Robichaud à propos de son plan d’action pour le 66e Festival de Cannes. Je souhaite des critiques positives, bien sûr. Mais c’est surtout une question de ‘‘parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en’’ : j’espère que le film fera réagir. »
Doté d'un budget de 1,2 million $, le film suit le parcours d’une jeune athlète de course (Sophie Desmarais, prêtant ses traits à un personnage plus introverti qu’à l’habitude) qui déménage à Montréal lorsqu’elle est admise au club d’athlétisme prestigieux de l’université McGill. Une décision qui engendrera plusieurs choix déchirants – notamment celui d’un mariage de circonstance avec son ami Antoine, question d’accéder à des prêts et bourses pour payer son rêve.
À mille lieues de Chariots of Fire et Rocky
« Je ne voulais pas faire un film sportif avec les grosses victoires et tout le monde avec les bras dans les airs. Ce n’est pas ça du tout, tranche Robichaud. Dans le film, on ne voit jamais la ligne d’arrivée. On ne sait jamais vraiment si elle a gagné. Le but est plus de parler du parcours, de quelqu’un qui a un rêve précis. Dans le cas de Sarah, c’est de courir le plus possible, et les embûches auxquelles elle fera face avant d’accéder à son rêve ultime. »
Robichaud, qui faisait de la course par pur plaisir à l’adolescence, s’est surtout inspirée du rêve qu’elle entretenait depuis un très jeune âge – rêve qui n’est pas si différent de celui que cultive Sophie. « C’est certain qu’il y a une part de moi là-dedans, parce que je partage aussi un rêve, celui de faire du cinéma, et on s’entend que ce n’est pas la chose la plus évidente. Tu prends des décisions importantes sur ton avenir qui font que tu te diriges vers un certain style de vie, et ces choix impliquent des sacrifices. Par exemple, Sophie a beau dire que de se marier à 20 ans afin de rendre son rêve possible, il n’y a rien là, mais au final, c’est loin d’être banal. »
Quant aux incontournables comparaisons de la presse cannoise avec un autre « jeune prodige » québécois ayant fait rage au festival il y a plusieurs années, Robichaud n’en fait vraiment pas un plat. « Je sais que les comparaisons sont un peu inévitables. Je pense qu’on est les deux seuls Québécois en 10 ans en sélection officielle, et on est deux jeunes de moins de 25 ans. En même temps, j’ai fait un film qui me ressemble, on est deux cinéastes distincts – j’aime beaucoup ce qu’il fait et j’ai un grand respect pour lui, mais je fais mon propre cinéma, et j’ose croire que les journalistes le constateront d’emblée! »
Festival de Cannes | Du 15 au 26 mai
Sarah préfère la course | En salles au Québec dès le 7 juin