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Nicolas Langelier: le jeune auteur confronte le vide hypermoderne

3h15 du matin, vous titubez hors du bar qui est en train de fermer, vous aviez peut-être un prospect, quelqu’un de cute à qui vous avez parlé toute la soirée de trucs dont vous ne vous souvenez pas, et qui vous faisait des sourires charmeurs, mais vous ne vous en souviendrez pas. Vous avez peut-être fait des niaiseries, dansé debout sur le bar, vomi dans la ruelle, bu un shooter dans la craque de boules d’une amie. Ça, vous avez souhaité très fort pouvoir vous en souvenir afin de pouvoir écrire en rentrant chez vous un statut Facebook cryptique, à l’infinitif, plein d’insides que seules trois personnes pourront comprendre.

Mais à midi le lendemain, tout ce qui se trouvera dans votre tête, ce sera une migraine et quelque chose de nouveau. Une sorte d’angoisse sourde. Vous vous demanderez si cette seconde adolescence que vous vivez en plein milieu/fin de vingtaine, ces Roaring Twenties des années deux mille, vous mène quelque part, fait de vous une bonne personne, remplit le vide que vous vous efforcez de combler depuis Dieu sait quand.

Nicolas Langelier a vécu quelque chose de semblable et, sous la forme d’un roman-essai déguisé en manuel de pop-psycho, nous le relate en toute authenticité dans son livre Réussir son hypermodernité et sauver le reste de sa vie en 25 étapes faciles.

Rencontré dans un petit café italien de l’avenue du Parc, Nicolas m’a expliqué ce qui l’a poussé à faire un livre de ce questionnement. «Ça faisait longtemps que j’avais entrepris une certaine réflexion par rapport à ma vie. Dans le livre, c’est présenté via la mort du père, mais pour moi ç’a été beaucoup plus graduel. C’est aussi né d’un désir d’aborder ces questions profondes et éternelles, et adapter ça au contexte actuel et aux nouvelles distractions présentes, de voir ces questionnements confrontés à une culture qui pointe vers des divertissements plus légers et plus superficiels.»

La forme self-help du livre est aussi une intéressante mise en abyme, un commentaire ironique sur cette recherche du bonheur à tout prix. 

«D’une part, ça facilitait les choses, m’explique Nicolas, j’avais peur de faire un livre témoignage, très premier degré. J’ai utilisé cette forme-là parce que c’est pratique pour dire ce que je veux dire sans détour. D’autre part, c’est parfaitement adapté au propos du livre: on vit à une époque obsédée par le bonheur, mais souvent par la facilité. L’engouement pour les livres de self-help est d’après moi un témoin de notre recherche collective de sens, mais on ne veut pas que ça soit trop compliqué.»

Dans le livre y est aussi abordée la plus grande angoisse de la génération Y, la peur de manquer la nouveauté, ce que Nicolas a baptisé FOMO, Fear of Missing Out. «C’est en fait un combat continuel de tous les jours, me dit-il, il faut prendre le détachement nécessaire pour se dire «Non, je n’ai pas besoin d’aller à cet événement.» Et quand tu passes le moindrement de temps sur Facebook ou Twitter, tu es constamment bombardé d’informations libellées «À ne pas manquer». Mais avec le temps et avec l’expérience des sorties, c’est plus facile de dire non.»

Une chose est sûre, ce livre apporte une lumière originale et pertinente sur des questions bien actuelles.

Réussir son hypermodernité et sauver le reste de sa vie en 25 étapes faciles
Éditions Boréal | editionsboreal.qc.ca
 

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