Je devais écrire ce texte la semaine passée, mais je jugeais plus important d'écrire sur LéoBB. C'est qu'en fait, des lecteurs réguliers de Québec, également animateurs du Show du matin week-end à Radio X (Élodie et Well, que j'aime bien), ont riposté en ondes à un de mes statuts Facebook qui se moquait du Festival d'été de Québec. Leur discussion a finalement débouché vers une question fondamentale: pourquoi la rivalité entre Montréal et Québec?
En ce qui me concerne, c'est un gars de Québec qui m'a appris, pour la première fois, que Montréal n'aimait pas les gens de sa ville. Juste pour te dire. Il venait d'arriver ici. J'lui disais que ses affirmations ne me semblaient pas tout à fait justes puisque "Détester Québec" ne m'était jamais apparu comme une obsession montréalaise.
Rien à faire. Pour lui, impossible de s'être trompé. Montréal n'aime pas Québec. Comme tu veux, dude, mais tu vas ben voir qu'ici on s'en fout, tout l'monde vient d'ailleurs. Après tout ce "m'as-tu-vu?" et ce "Hey, t'es pas le centre du monde, Montréal!", j'pense qu'on a fini par les trouver épuisants, les gens de Québec. Quant à moi, c'était peut-être autre chose. J'me suis rendu compte que je n'aimais pas l'image que projette la ville. Une ville qui tend à s'imposer, qui a de l'histoire, mais qui refuse toutefois de vivre à notre époque. Qui dépense des millions pour finalement juste être en fucking retard.
Parlant d'image, j'te donne un exemple patent. Prends par exemple le stéréotypé animateur radio qu'on appelle par son nom de famille et qui arbore ce que j'appelle le look "4 roues!!! Hell yeah!! Rock on!!", qui se veut un hybride entre le fan de Metallica, le consommateur d'energy drinks pis l'adepte de hockey. Celui qui porte une casquette à l'effigie d'une équipe sportive d'ici, par en arrière, accompagnée du t-shirt à manches préalablement coupées, à l'image d'un band (Kiss, Metallica, Green Day) ou d'une marque de bière.
A priori, c'est superficiel c'que j'dis là, mais tellement représentatif de mon malaise pour Québec. Loin de moi l'idée de juger, mais y'a quelque chose de très conservateur là-dedans. Ça pis faire jouer Led Zeppelin en heavy rotation.
C'est dommage parce qu'on vit à une époque formidable. Une époque où la nostalgie règne, oui, mais où on ne s'abreuve pas directement à sa source en invitant des has-been à tout bout d'champ. La nostalgie, on s'en inspire, la réinvente. On la fait fusionner avec les ressources de notre époque. On la rend belle, la façonne à notre image. On se sert des nouvelles technologies pour peser sur le bouton "reset" de notre univers personnel.
Il ne s'agit pas ici de devenir un genre d'hyper-consommateur/victime de la mode, bien au contraire. Je parle seulement de reconnaître le courant actuel. Celui qui nous permet d'être créatifs. Se savoir de son temps et représenter fièrement sa génération pis son passé à même le présent. Le "think outside the box" au quotidien où l'humain devient un moodboard sur jambes. Où le DIY est applaudi et les friperies achalandées. Où l'avocat circule en Bixi. Ce qui, pour plusieurs, semble propre au Plateau/Mile-End est en fait une affaire d'époque. La créativité c'est pour tout le monde. La démocratisation de la mode. À bas prix.
C'est peut-être ce dont j'aurais espéré d'une ville phare comme Québec, qu'elle entame son passage dans la seconde décennie du 21e siècle, à l'ère du "tout est permis, à condition de ne pas trop prendre de retard". Que les personnes qui y habitent puissent bénéficier des mêmes avantages que Montréal, de la même ouverture, pis qu'on laisse de côté Def Leppard pis LMFAO, un peu.
Pourtant, à Montréal, on a les mêmes choses, on reçoit les mêmes artistes issus du Top 40, c'est seulement qu'on ne met pas l'emphase sur ceux-ci. Québec, c'est un peu comme si CKOI, NRJ, CHOM.FM pis le maire Tremblay avaient pris contrôle du monde culturel à Montréal, finalement.
Remarque, je ne dis pas qu'elle est précisément telle que je la décris. Il existe fort probablement des quartiers similaires au Plateau. J'te parle de c'que j'reçois à partir d'ici. Je serais bien heureux que tu m'annonces que j'me trompe. Tu peux même écrire ci-bas que ce texte est fallacieux, c'est c'que je souhaite au fond.
Autrement, je te déteste.