Alors que le sujet polémique de l’heure est celui du nombre de restaurants à Montréal, le doute ne semble pas habiter tant de restaurateurs et investisseurs que cela, puisque les ouvertures d’établissements qui n’ont rien de cantines se poursuivent de manière régulière. Avec de plus en plus souvent à la clef un concept, sinon novateur, du moins rassembleur qui attire une clientèle plus large que celle qui fréquente d’ordinaire un simple resto ou un bar. Et de l’imagination, les propriétaires Edward Zaki (Victoire, Barbounya, Thazard) et Jeff Stinco (Shinji, Laurea) n’en manquent pas. Leur Mimi la Nuit, à l’affichage très discret à l’extérieur, rend un bel hommage à la tradition noctambule et fantasque de la rue Saint-Paul Est. Effectivement, dès le pas-de-porte passé, on entre dans un univers habilement conçu par La Firme qui mêle pierres et poutres ancestrales, avec du bois, du métal et du verre contemporains. Très beau jeu de lumières également, qui nous enveloppe et nous fait passer d’un espace à un autre sans cassure. Car le Mimi la Nuit, c’est plusieurs formules en une : un bar-boîte en avant, un resto festif en arrière (attention, il est bruyant), et une belle salle pour les groupes en haut.
Crédit photo Randall Brodeur
Crédit photo Randall Brodeur
Pour meubler ce décor, les propriétaires se sont bien entourés. Incontournable à présent, une liste de cocktails maison a été créée par David Schmidt (Maïs, Café Sardine, Mal Nécessaire), et la courte, mais intéressante carte des vins a été bâtie par la talentueuse Sindie Goineau, que l’on peut aussi croiser chez Victoire et au Barnounya. Quant aux cuisines, c’est Éloi Dion, qui s’est déjà distingué au 357C et au Van Horne, qui s’en est vu confier les rênes. Ses expériences précédentes, plus gastronomiques, peuvent trancher avec un concept qui veut avant tout proposer de la nourriture de bar soignée. Le chef a néanmoins réussi le tour de force de monter un menu dans lequel les frites et le cornet de noix et arachides peuvent voisiner des plats, à partager ou non, plus sophistiqués qui devraient séduire les foodies montréalais comme les touristes adeptes de nifghtlife. « J’ai toujours une inspiration de bar à la base, puis j’y mêle une approche plus recherchée », explique Éloi Dion.
Crédit photo Sophie Ginoux
Crédit photo Sophie Ginoux
Alors, que donne donc cette cuisine? Eh bien, elle peut être ludique, à l’image des crevettes frites servies sur bâtonnets et à tremper dans une mayonnaise à la lime et au piment, ou bien de l’amusante planche sur laquelle trônent du collier d’agneau, des tortillas, de la menthe et du chou pour que l’on se confectionne son repas. Elle se montre aussi audacieuse, avec par exemple un plat d’abats qui mêle langue, joue et cervelet de veau. On peut être hésitant vis-à-vis de certaines cuissons ou assaisonnements (panures un peu molles, agneau un peu sec, trop de sel dans la barre de chocolat et caramel) – précisons cependant que lors de ma visite, les cuisiniers ont dû faire face à beaucoup d’impondérables – mais on ne peut que tomber amoureux de certains plats. Mes coups de cœur personnels? Le maquereau mariné présenté dans une conserve (on aime le clin d’œil) avec du concombre, de la moutarde et de la crème fraîche. Tonique au goût, fondant en bouche, parfaitement balancé avec ses accompagnements. Et le juteux, gouteux et ferme poulet de grain noirci, flanqué de légumes racines et d’un excellent jus au foin. Mention spéciale aussi à la salade de melon épicé, tomates, olives et ricotta, ainsi qu’au dessert mêlant une crème à la texture de gâteau au fromage, des prunes macérées dans de l’alcool et des petits morceaux de biscuits aux pacanes. De quoi bien finir ou commencer la soirée!
Crédit photo Sophie Ginoux
Crédit photo Sophie Ginoux
Crédit photo Sophie Ginoux
Crédit photo Sophie Ginoux
Le Mimi la Nuit est finalement bien invitant pour les groupes et les oiseaux de nuit. Ils seront d’ailleurs ravis de savoir que la cuisine est ouverte jusqu’à deux heures du matin, du mercredi au dimanche. Quant aux couche-tôt, il leur sera sans doute, au mois de mars ou d’avril, aussi possible d’y casser la croûte le midi. Bonne découverte!
Mimi la Nuit
22, rue Saint-Paul est, Montréal H2Y 1G3
(514) 507-5449
mimilanuit.com