Je pense que Montréal serait prête pour une rue des tapas.
Une authentique rue gourmande, comme il s’en fait un peu partout en Espagne, avec tout plein de minuscules restaurants qu’on visite les uns après les autres, jusqu’au bout de l’artère ou encore de l’appétit. Chaque petite adresse propose un tapas unique, qu’on accompagne d’un verre de tinto (vin rouge). On mange debout, entassés avec les dizaines de passants qui finissent inévitablement par devenir des amis à force de se suivre tout au long du repas comme un banc de poissons collectivement attirés par la prochaine bouchée à gober.
Des festins déambulatoires, réjouissants et savoureux, qui vous font tomber en amour avec cette tradition culinaire génialissime.
Que rico !
Ça fait des années que différents restaurants montréalais nous proposent des tapas. Plusieurs adresses en servent de merveilleux d’ailleurs. Je pense à Marie-Fleur St-Pierre, qui dans ses deux adresses de Villeray, fait honneur aux petits plats ibériques qu’elle revisite comme une reine. Dans le Vieux-Montréal, le restaurant Tapas 24 nous propose un menu de haute voltige concocté par le chef catalan Carles Abellan, étoilé Michelin et formé aux côtés du légendaire Ferran Adrià.
Je pourrais vous nommer d’autres adresses de tapas gastronomiques, mais ce qui m'intéresse en fait, c'est en quoi ce nouveau resto est si différent. Jusqu’ici, peu de chefs n’ont osé l’ambiance authentique des petits bars à tapas, bondés, festifs, et c’est exactement ce qui fait tout le charme du tout nouveau Tapas 24, version « snack-bar ». Le petit dernier du groupe MTL Cuisine (Les 400 Coups, Commerce, Pizzeria Nolana) est situé juste à côté de son grand frère plus huppé, mais il ne vivra certainement pas dans son ombre.
J’y prédis de belles soirées bien arrosées. Je prédis même que vous choisirez la délicieuse bouteille du vin éponyme, le « Tapas 24 », élaborée spécialement pour l’endroit en collaboration avec le sommelier François Chartier. Un grenache intense et profond, compoté presque, qui rappelle les Ripasso italiens et qui peut accompagner à peu près tous les délices que cette merveilleuse cuisine ouverte aura à vous offrir.
En bouche, heureusement il n’y a pas qu’un seul tapas pour se rassasier. Alors faute de pouvoir déambuler dans la rue avec votre verre de vin, vous pourrez rester tranquillement assis à l’une des tables hautes de la salle ou encore à l’étage, qui peut accueillir une cinquantaine de convives.
Fidèle à la cuisine espagnole, le chef nous propose des grands classiques, qui sont finalement assez exotiques pour nos petites papilles boréales.
Un pan de coca con tomate : c’est en fait de petites croûtes grillées qu’on frotte avec de l’ail et de la tomate fraîche. Ce n’est peut-être pas le plat le plus transcendant de la soirée, mais pour une assiette de pain, ça se démarque, et ça commence bien.
Les croquetas sont merveilleusement craquantes à l’extérieur, et moelleuses à l’intérieur. J’ai bien aimé celle à la queue de taureau. Hé oui, les Espagnols mangent traditionnellement tout le taureau, jusqu’au bout de sa colonne vertébrale – la queue est même la partie la plus prisée, qu’on remet au matador comme un trophée après la corrida.
Voici les minuscules carrés de lapin! J’ai l’impression de manger de la nourriture de poupée, et encore là, un peu de friture qui contraste avec la délicatesse de la viande. Original et bien exécuté côté cuissons et assaisonnements.
Si vous avez envie de pommes de terres inusitées il y a les patatas bravas (photo), mais je vous recommande particulièrement les huevos fritos (œufs frits) servis sur une barquette de frites avec viandes ibériques. Perso, j’ai goûté à la version à la Montréalaise avec viande fumée, mais je suis certaine que celles au jambon ibérique ou mieux, au chorizo sont encore plus spectaculaires. C’est un peu comme une poutine espagnole, où le jaune coulant de l’œuf enrobe et lie tous les ingrédients ensemble pour ne former qu’un tout délicieux et cohérent. Décadent.
Il y a bien sûr les pinchos, qui varient à tous les jours au gré du chef, mais qui comme leur nom l’indique, sont toujours une variante d’une tranche de pain surmontée d’une garniture maintenue en place par un cure-dent (pincho).
Et pour finir, ne repartez SOUS AUCUN PRÉTEXTE sans avoir goûté aux churros. Des beignets allongés frits, avant d’être enrobés de sucre et de cannelle et généreusement nappés de sauce dulce de leche.
Le bonheur.
Tapas 24 Snack-bar
420 Notre-Dame Ouest
514-282-1212
LUN: fermé
MAR – VEN: 11h30 – 21h
SAM – DIM: 10h – 21h
photos Christine Plante