À Montréal, il y a bien quelques entrepreneurs en restauration qui adoptent un modèle d’affaires style « pieuvre » : ils ont des intérêts et des tentacules un peu partout. ..
David Schmidt fait partie de cette espèce prolifique.
David, c’est un concepteur de restaurants.
Très 2015 comme métier, me direz-vous. Mais lui, me dit qu’il pense déjà à ce qu’on mangera en 2018. Il est actionnaire du bar tiki Le Mal nécessaire, de l’isakaya Thazard, et c’est aussi lui qui avait aussi lancé le restaurant Maïs et le café Sardine avec son resto japonais pop-up en soirée… Avec maintenant une bonne dizaine d'établissements derrière la cravate, ce restaurateur en série surprend par l’étonnant clivage entre ses succès commerciaux et la gentillesse dont il fait preuve.
Je l’ai croisé au Watts, son petit dernier.
Pour ceux qui ne s’en étaient pas rendus compte, primeur! Le Salon Officiel n’est plus. Hé oui, ça a été un choc pour moi aussi.
J’ai remarqué la nouvelle enseigne il y a quelques semaines, et ça s’est fait « en personne » comme dans le bon vieux temps. Vous savez, dans le temps d’avant les réseaux sociaux qui se mettent à gazouiller à qui mieux mieux dès qu’une fermeture a lieu, et avec encore plus de ferveur quand il y a des soft openings et autres célébrations de blogueurs bouffe.
Tout ça pour dire que le Watts s’est installé discrètement, et ça colle assez bien avec la personnalité de l’endroit, finalement. C’est un bar à vin, un "club social" et resto de quartier, tout ce qu’il y a de plus local. J’imagine déjà les voisins qui se choisiront une banquette fétiche, et qui viendront souper ici toutes les semaines.
Dès l'arrivée, on a l’impression d’entrer chez quelqu’un. La déco est très mid-century comme on dit, le look le plus actuel du monde en ce moment. Des petites vignettes de meubles rétro, des lampes qui font sourire, et des petits néons tout mignons. Remarquez le meuble à rangement de tapes à cassettes.
À manger, ça tombe bien : le mercredi c’est moitié prix. Wow, même les promos sont rétro.
Mes lecteurs les plus assidus commenceront à trouver que je me développe une petite expertise en pizzas, je commence à en avoir goûté vraiment beaucoup cette année. Celles du Watts ne sont pas les plus spectaculaires ever, mais proposent des garnitures inusitées.
La pizza aux champignons, par exemple, est vraiment surprenante. Servie avec une délicieuse crème à l’ail confit, du fromage fior di latte super onctueux, des champignons doux, et finalement des noix de Grenoble et de la marjolaine. En lisant la liste d’ingrédients, c’est difficile de s’imaginer avec précision ce que ça va goûter dans ta bouche, mais je vous le dis ici : c’est bon en maudit.
La pizza au proscuitto crudo, servie avec roquette est bien plus classique. Lors d’une deuxième visite, je choisirais probablement l'une de ses congénères que je reluquais avec appétit, comme celle aux choux-fleurs ou encore celle aux crevettes.
La salade césar était délicieuse. Juste assez de cette vinaigrette aux anchois qui s’assume dans ses saveurs bien relevées, sans inonder les feuilles qui doivent rester croustillantes. Délicieux.
Bref, une belle petite adresse bien sympathique. Est-ce que je recommanderais de traverser la ville pour venir sa cuisine en courant ? Sûrement pas. Mais si vous avez le bonheur de résider à quelques rues de l’endroit, venez, venez ici.
On va certainement se croiser, parce que moi, j'habite tout près de là.
Watts
351 Roy est
(514) 842-9381
MAR – DIM: 18h – 3h