
Toute l’Usine C vibre en février, comme aime le dire sa directrice artistique Danièle de Fontenay, pendant les deux semaines de Temps d’images, ce festival très multi, pluri et tutti quanti importé d’Europe.
Le menu nouveaux médias est non seulement éclaté (spectacles, performances, projections, installations), il envahit les lieux dans tous leurs recoins.
Parmi les troupes étrangères et artistes locaux invités, notons le Big Art Group de New York, dont le festif House of No More avait déjà marqué les esprits en 2006. Danièle de Fontenay répond à nos questions.
C’est quoi, Temps d’images?
Un questionnement, au départ: comment les arts de l’image et les arts de la scène se croisent-ils? Ce sont des travaux qui interpellent aussi le corps et sa relation avec la scène.
Les chantiers permettent de rapprocher des artistes de milieux différents; par exemple, un chorégraphe et un vidéaste.Il en découle une manière différente de raconter une histoire. Pas seulement littéraire: il y a les mots, il y a l’image.
Une thématique pour cette 4e édition?
Quelque chose d’assez pessimiste: le portrait d’une société qui se désintègre. SOS, titre presque littéral du Big Art Group, est une surboum révolutionnaire dans une Amérique en perdition.
Welcome to Nowhere, de la troupe Temporary Distorsion, également de New York, se situe entre le road movie et le théâtre expérimental, avec une atmosphère très beckettienne.
Crac, de la compagnie italienne Motus, pose un regard sur la quête de la jeunesse dans une société urbaine où toutes les sorties sont bouchées. On sent l’enfermement, l’errance dans une ville désertée. Ce sont des airs de fin du monde.
Qu’en est-il des projections et installations?
Dans cette rencontre où l’image et le théâtre se fractionnent, les artistes travaillent avec le temps et l’image.
Les projections et les installations ont cette même réflexion. Elles mettent en scène des histoires d’une autre façon. Chrysalides de Patrick Bernatchez un homme qui se noie dans sa voiture se déroule sans un mot.
Comme les projections sont gratuites et qu’elles occupent tout, du sous-sol au 3e étage, elles offrent au public un rapport à la scène (et à la salle) très différent.
Dans quel état sortirons-nous de ce Temps d’images fin du monde?
Il y en a qui disent que quand on est triste, il faut écouter de la musique triste. Pour se remonter le moral.
Le rôle des artistes est d’ouvrir les yeux, ils sont des antennes. SOS livre un constat de ce qui va mal. Et les faits le prouvent.
Mais Big Art Group le dit avec humour et habileté. C’est comme du cinéma en direct, une rencontre scénique à la fois complètement échevelée et très précise.
Usine C | Du 16 au 28 février | 1345, Lalonde