Lille, 1992. Scien et Klor partagent un amour pour le graffiti dans les rues de Lille. Quelques années plus tard, la paire, un couple dans la vie comme au boulot, oeuvre maintenant à Montréal comme designer, graphiste et illustrateur.
Grâce à leur savant mélange de culture hip-hop, de créatures inventées et de lignes pures propre au design graphique, 123Klan le nom de leur bande de graffiteurs de l’époque joue le jeu des grands et collectionne les collaborations avec Nike, Johny Cupcakes et Adidas.
Ils signent également des t-shirts en édition limitée sous leur étiquette maison Bandit-1$m. Résultat? 123Klan crée un univers à la fois tendance et irrévérencieux à l’image de ce slogan qu’ils affichent fièrement sur un chandail, «Die Hipsters Die!»
Votre salon représente bien 123Klan. Il y a un immense robot peinturé sur un mur, une bibliothèque remplie de designer toys et des tasses du même genre dans lesquelles on boit notre café.
On les a préparées juste pour toi, ces tasses. Non, sans blague, c’est notre genre de délire. Quand on a besoin de quelque chose, on le fabrique.
Après les appartements d’étudiant, on a décidé de s’installer et de laisser nos tasses disparates. On a alors cherché dans les boutiques quelque chose qui nous correspondait et l’on ne trouvait rien.
On a donc décidé de faire une série de 200 tasses, des assiettes pour le repas et les entrées, qui sont maintenant toutes vendues, excepté celles que nous avons gardées.
Ça représente bien votre identité, qui est multiple: graffiteur, graphiste, designer, illustrateur.
Je crois que ce goût de toucher à tout nous vient du tag, où tu désires laisser ta trace partout. Une tasse blanche est un autre terrain de jeu vierge.
Vos collaborations avec des compagnies comme Pepsi-Cola prouvent que l’esthétique du graffiti n’est plus underground. On garde une touche graffiti dans nos travaux, mais ce n’est pas non plus du graffiti.
Quand on fait du design sur t-shirt, ça reste du design et du graphisme avant tout. On ne s’adapte pas aux tendances. Et puis, la touche graffiti reste dans l’impact visuel qu’elle provoque, c’est-à-dire des couleurs fortes, des contrastes, des effets acidulés, tout ça partagé avec un amour pour les lettres et la typographie.
Si l’univers de la typographie est bien présent dans votre travail, on y retrouve également des créatures, propres aux designer toys. Ils viennent d’où, ces personnages?
Chacune de nos créatures possède une vie privée, un caractère. Ça vient peut-être encore une fois du graffiti, où chaque b-boy a son lettrage.
Il y a aussi l’influence des jeux vidéo. On trouve ça important de donner une personnalité aux choses, comme ce robot derrière toi qui s’appelle Fela Star. C’est une façon de ne pas se prendre au sérieux, de cultiver la dérision.