Pour toute personne n’ayant pas la chance de résider dans les quartiers où l’alcool coule à flots et où la seule difficulté en rentrant chez soi est d’éviter de se frapper la face sur un poteau, les bus de nuit font partie intégrante du nightlife. Je suis de ceux-là. J’aime les bus de nuit. Tous les bancs vous reviennent de plein droit, les représentants de l’âge d’or se font rares, et les femmes enceintes dorment. Vous maintenez un droit indélogeable de vous asseoir tout le trajet. C’est égoïste, oui, mais vrai. Donc, vendredi soir (samedi matin), 2h14, je prends place à bord de la 361 sur Saint-Denis, coin Duluth direction Nord. Bus plein, tout le monde parle fort, c’est la continuation du bar.
Je suis à la recherche de quelqu’un qui se démarque parce qu’il raconte des histoires cochonnes trop fort, d’une chicane de couple, ou encore d’un groupe un peu pompette qui se mériterait mon attention pour cet article. À mesure qu’on rejoint le nord de la ville, la foule d’usagers s’assagit et ma ride devient presqu’aussi tranquille qu’une ballade du dimanche. Je me tourne vers le sympathique chauffeur, pour savoir s’il a quelque chose d’intéressant et/ou d’étrange à me raconter sur ses expériences de nuit. Il se rappelle d’une jeune fille qui a vomi sa soirée. Résultat: le pauvre chauffeur et son équipage de fêtards ont dû changer l’autobus au milieu du service.
Pas d’histoires de strip-tease, de conspirateur saoul, de roux. Pas que je cherche absolument à ce qu’un trajet d’autobus reste gravé dans ma mémoire pour cause de bizarreries de fin de soirée, au contraire. Une fin de soirée bien calme avec, comme trame de fond, le ronronnement du moteur, les décibels de passagers trop enthousiastes et moi, dans la lune, parce que rien ne ressort, rien ne me trouble.