Dès son arrivée au café italien qui nous sert de point de rencontre, Jace Lasek commence à justifier le délai précédant la sortie de leur nouvel album, Are the Roaring Night (disponible le 9 mars): «C’est difficile de prendre du temps pour nous-mêmes si on enregistre dans notre propre studio, essentiellement pour cette raison en fait; mon travail avec Breakglass (Malajube, Patrick Watson, Unicorns, Wolf Parade et autres) est ce qui nous nourrit. Donc, tout le monde passe avant notre projet…
Une fois qu’on y est, par contre, c’est pas très long à boucler. On s’enferme et on construit les chansons directement dans le studio. Il n’y a pas de pré-production; on part d’une ligne de guitare ou de clavier, et de l’atmosphère qui se bâtit naturellement autour d’une tension, d’une émotion. Comme ça, on garde le coté cru du processus de création.»
Le collectif se redéfinit à chaque album et le titre de l’oeuvre atmosphérique, qui met en scène un monde parallèle inquiétant, en porte la marque. «On s’est commis avec notre dernier disque, Are the Dark Horse, à qualifier le groupe avec le titre de l’album, et c’est un système qui nous va bien. Are the Roaring Night, c’est une citation de Jim Jones, le gars du suicide de masse au Kool-Aid, qu’on trouvait juste très puissante et évocatrice. Et ça rejoint le côté angoissant de l’album, qui tourne autour du monde de l’espionnage, des agents doubles, de la guerre et de cette idée de ne pas savoir exactement si ce qui y est évoqué existe réellement ou est juste fantasmé par un personnage délirant.»
POP=MONTRÉAL?
C’est expérimental votre truc un peu, non? «J’aime le fait qu’on soit toujours difficiles à qualifier. Quand on dit que notre musique est cinématographique ou qu’on cite des groupes prog des années 70 comme influences, ça n’a pas nécessairement à voir avec le son; plutôt avec une attitude, une manière d’essayer de repousser les limites. On est peut-être nostalgiques d’une époque où c’était mainstream d’essayer des choses, et je pense que maintenant que le côté commercial de l’industrie du disque prend un peu le bord, on est en train de revenir à ce genre de liberté.»
Montréal, c’est toujours bien? Vous restez avec nous, hein? «Montréal, c’est génial. Ce n’est jamais devenu ce nouveau Seattle que tout le monde essayait de créer, et je pense que c’est dû au fait que les groupes d’ici sont restés fidèles à leur démarche. Ce qui caractérise notre scène et ce qui effraie les big boss des majors, c’est cette même absence de compromis, cette capacité de se réinventer sans cesse et de faire tout ce qui nous passe par la tête.»
On les sème encore quelques années d’abord, OK?
The Besnard Lakes
12 mars
Il Motore | 179 Jean-Talon O.
Il Motore | 179, Jean-Talon O.
avec The Sunday Sinners
thebesnardlakes.com