À le voir aller comme ça, aux Francouvertes et à Vue sur la relève, on se dit que Philémon Chante, qui lance Les Sessions cubaines à la fin du mois, ne restera pas artiste indépendant longtemps.
On lui prédit un avenir semblable à celui de Bernard Adamus. «C’est un peu ça que je souhaite au fond de moi-même», admet Philémon Bergeron-Langlois, qui accumule les accolades (premier prix du Festival en chanson de Petite-Vallée, Sacré Talent de Radio-Canada, prix Coup de chapeau du Festival Mars en chansons de Charleroi en Belgique, etc.). «Une maison de disque s’intéresse à ce qui viendra ensuite; pour eux mon album n’est pas assez grand public… Je les comprends, mais j’assume. La démarche aura été indépendante du début à la fin. Le moment est venu pour moi de lancer l’album.»
À l’écoute des «Je te mange», «Vaincre l’automne», «T’aimer» et autres délicates confidences chantées, la première chose que l’on remarque, c’est le fait qu’on est en présence d’un artiste transparent, qui, comme Pierre Lapointe, Mathieu Beaumont (Tricot Machine) ou Antony Hegarty, ne craint pas de mettre sa vulnérabilité de l’avant. «C’est l’enfant en moi qui ressort quand je chante. Malgré sa naïveté et la fragilité qui l’habite, il n’est pas faible pour autant. Sa force n’est pas celle d’aller conquérir le monde, mais plutôt de savoir transmettre des émotions. À 17 ans, je suis parti en Inde. Plus aucun de mes repères de Nord-Américain ne fonctionnait là-bas. J’ai eu l’impression étrange de redescendre en âge, de mourir un peu, mais de naître à nouveau. C’est à ce moment que cette voix-là est sortie, avec ce pitch élevé, une semi-voix de tête», raconte le musicien.
Cuba si
Philémon est allé enregistrer à Cuba avec des musiciens locaux. Cette belle idée d’envelopper ses pièces dans des écrins aussi chaleureux est le fruit du hasard. Philémon – qui parle espagnol – est parti en voyage sur un coup de tête. Et puis comme on le voit très bien dans le vidéo qui accompagne l’album, il a fait des rencontres une fois sur place. «Au début, quand j’ai connu Rolando ‘‘Niño mentira’’ (percussionniste accompagnateur de l’orchestre du Buena Vista Social Club), je me méfiais un peu. Tout le monde veut ton cash là-bas, tu fais attention. Mais il était bon musicien et avait l’air de connaître son affaire: je lui ai fait confiance.»
Un cousin installé au Mexique, qu’il n’avait pas vu depuis vingt ans, les rejoint, en plus du groupe de Rolando. «On avait la possibilité d’enregistrer au mythique studio Egrem… avec trois jours pour se préparer. La première journée s’est mal déroulée; tout le monde jouait le plus fort possible, c’était pas beau, vraiment pas bon. En plus, moi, je fais ça à l’ancienne, sur du ruban à 260$ la bobine. Tout le monde joue en même temps et ça prend des bonnes prises du début à la fin…»
Mais la magie a opéré, constate-t-on. «Oui, tout à fait. Sans eux ma musique est bleu mauve; en leur présence elle vire au jaune orange.»
Philémon Chante
28 avril | Casal del Popoplo
4873, Saint-Laurent
avec Caroline Keating
Lancement des Sessions cubaines
25 mai | Casa del Popolo
4873, Saint-Laurent
myspace.com/philemonchante