Rishi Dir ne devrait pas être en train de jouer du rock. Il y a quatre ans, lorsqu’il a quitté les High Dials – ces vétérans du rock montréalais, dont il faisait partie depuis plus de dix ans (on les a aussi appelés les Datsons) – c’était pour prendre congé de ce mode de vie instable et se consacrer à son autre passion: le sitar, qu’il étudiait déjà depuis quelques années.
Mais le rock l’a rattrapé avec Elephant Stone, un projet qui visait d’abord à évacuer les chansons composées au fil des ans, mais qui a pris une vie propre lorsque The Sevens Seas, son album inaugural, s’est retrouvé dans la mire de la critique et du jury du prix Polaris, qui l’a nommé dans sa présélection (long list) de l’année 2009.
Rishi se rend à l’évidence: cette seconde vie rock doit se poursuivre. D’autant plus qu’il était invité récemment à rejoindre le Brian Jonestown Massacre, pour effectuer les premières parties d’un segment de sa prochaine tournée nord-américaine. Ne faisant ni une ni deux, Dir a concocté un nouveau EP, The Glass Box EP, qui sera lancé durant l’escapade. On l’a rejoint pour quelques détails sur la galette, la tournée et l’ensemble de sa réincarnation.
D’où viennent les chansons de The Glass Box EP?
Rishi Dir: La première chanson remonte à l’époque de The Seven Seas. J’avais essayé de la compléter pour la mettre sur l’album, mais elle était alors complètement différente et je n’étais pas trop satisfait du résultat. Quant au reste, j’ai voulu voir si je pourrais écrire un EP en un mois. Je me suis forcé à écrire cinq chansons, juste pour voir si je pouvais le faire. Parce que quand on a enfin un premier album derrière soi, on se demande à quoi le suivant va ressembler, combien de temps ça va prendre pour le faire, et tout ça. C’est à ce moment que je me suis fait offrir la tournée avec le Brian Jonestown Massacre. Les chansons étaient alors à moitié complètes. Je me suis dit: «je devrais en profiter pour sortir quelque chose». J’ai donc tout terminé en une semaine. La semaine suivante, j’étais en studio! C’est certainement l’enregistrement le plus rapide que j’ai fait.
Donc maintenant, tu pourrais faire un album complet en deux ou trois semaines?
RD: (rires) Je ne sais pas. Maintenant, j’ai une petite fille. Elle a cinq mois. Ma vie est tellement bien remplie. Je suis juste content d’avoir trouvé le temps d’enregistrer et de sortir ça. J’apprends à tout balancer, présentement. Ça se passe bien.
Comment le lien avec Brian Jonestown Massacre s’est-il fait?
RD: Oh, je connais Anton (Newcombe, leader du groupe) depuis 2003, soit à l’époque où j’étais encore dans les High Dials. On a fait des tournées en Amérique du Nord et en Angleterre avec eux. Anton et moi avons gardé le contact depuis ce temps.
Et tu es encore vivant?
RD : Oui, oui! (rires) Il est très gentil, tu sais. Il a toujours été gentil avec moi. Il est aimable avec ses amis, je suppose. Peut-être qu’il s’est adouci avec l’âge.
Avec le recul, quel regard jettes-tu sur l’épisode The Seven Seas?
RD: Eh bien, je n’avais aucune attente en faisant cet album. J’avais fait les High Dials durant 10 ans, j’étais fatigué de tout le truc et je ne tenais pas absolument à tourner. Je voulais juste sortir le disque et le faire entendre à mes amis. Puis, on s’est retrouvé sur la longue liste du Polaris et tous ces autres trucs sont arrivés… J’ai l’impression que ma musique a davantage de portée, maintenant. On n’a pas tourné à ce point parce qu’à ce stade de ma vie, je ne peux pas vraiment le faire, mais maintenant que j’ai cette opportunité en or avec le Brian Jonestown Massacre, je ne peux pas dire non. J’ai la chance de pouvoir prendre congé de mon boulot pendant six mois. Il y aura donc la tournée avec Brian Jonestown Massacre en Amérique du Nord, puis une tournée en Angleterre et en Europe, en juillet. En gros, The Seven Seas s’est rendu beaucoup plus loin que ce à quoi je m’attendais. Je ne suis pourtant pas un frontman de nature. J’ai fait l’album avec des amis. C’est la même chose pour celui-ci – quoique le groupe est complètement différent, maintenant. C’est un groupe changeant, fait d’amis qui viennent collaborer avec moi quand ils peuvent.
Qu’est-ce qui a changé depuis les High Dials? Qu’est-ce qui fait que ce projet-ci te convient mieux?
RD: Je fais tout en mes propres termes, cette fois. Je n’adapte pas ma vie à celle du groupe, j’adapte le groupe à ma vie à moi. Je ne fais que ce que je veux vraiment faire. Je suis plus sélectif. C’est mon deuxième bébé. Ce groupe-ci est une représentation fidèle de moi, de mes intérêts. Les High Dials n’étaient rien de tout cela.
Qu’est-ce qu’étudier le sitar t’a apporté?
RD: Eh bien, c’est un instrument que j’étudie depuis dix ans, maintenant. Quand j’ai quitté les High Dials, j’ai pensé ne faire plus que de la musique classique. Je suis fasciné par cet instrument depuis que je suis tout petit. C’est un instrument qui transcende tous les autres, selon moi. C’est de l’expression pure. Bien sûr que quand je l’incorpore à mes chansons, ça n’est plus de l’expression pure, c’est juste jouer du rock au sitar! (rires) Mais les fréquences et le registre de l’instrument donnent un je ne sais quoi à la musique, quelque chose qu’une guitare ou quoi que ce soit d’autre ne peut apporter. Au fond, c’est juste un autre instrument à cordes, mais ça apporte vraiment quelque chose de spécial, je trouve.
Comment décides-tu des chansons qui contiendront du sitar?
RD: Je ne sais pas, ça dépend. Si la chanson que j’écris est dans un ton qui convient au sitar, je vais généralement en mettre! (rires) Pour le nouveau EP, j’en ai mis dans Savage Soul, qui est une chanson pour ma fille. Je voulais construire un gros crescendo épique, à la fin; lui donner quelque chose de vraiment édifiant. Je trouvais que le sitar aidait à bien soulever la chanson.
Elephant Stone
13 mai | Casa del popolo
4873, Saint-Laurent
avec Jon Cohen Experimental et John Lennox
www.elephantstonemusic.com