Il y a de ces choses dans la vie qui semblent avoir été là depuis toujours et puis qui, soudainement, changent de rôle, de sens. Les Flaming Lips sont une de ces choses… Je me souviendrai toujours de la première fois où je les ai vus. C’était en 1993 ou 1994, au Métropolis. J’allais voir Stone Temple Pilots, ces radins jamais foutus de passer plus de trente minutes sur scène. La troupe de l’Oklahoma (alors un quatuor) était en première partie..
Ils venaient tout juste de lancer Transmissions From the Satellite Heart, sur lequel se trouvait leur premier tube commercial, «She Don’t Use Jelly». La chanson a sans doute constitué le point fort de leur set, que je me rappelle avoir trouvé trop long. Autrement, il n’y avait pas là, me suis-je alors dit, de quoi écrire à sa mère. J’étais plutôt jeunot, en fait, pas encore revenu du gros rock à guitares des années grunge. J’ai passé la majeure partie de leur prestation à trouver que Wayne Coyne, qui portait dans ce temps-là une casquette bien renfoncée sur son crâne, ressemblait à un type avec qui je prenais souvent l’autobus et à avoir hâte au programme principal.
Durant mes années de radio à CISM, j’écoutais avec intérêt chacun de leur nouveau EP, compilation ou album qui me passaient entre les mains, bien conscient de leur succès d’estime, mais je n’arrivais pas à comprendre l’intérêt d’un groupe qui semblait ressasser encore et encore la même mélodie, les mêmes riffs dissonants.
Puis, en 1999, tout a changé quand est paru The Soft Bulletin. Commotion majeure. Du rock sorti de lui-même, ambitieux, ultrapositif, qui gèle tout seul. C’est bien là qu’a débuté le culte de l’enthousiasme total qui nous amènerait, quelques années plus tard, les Unicorns, Arcade Fire, Broken Social Scene… Bon, les fans de la première regrettent encore ce virage pop, mais l’album a été un coup majeur pour l’indie-rock. On peut dire que c’est le disque qui lui a permis, avec quelques années de décalage, de pénétrer le mainstream. Je me souviens encore m’être trouvé au Café Campus, quelques semaines après sa sortie, à attendre le début d’un show de Frank Black. C’était The Soft Bulletin qui jouait entre les groupes. J’étais tellement saisi par la qualité du disque que j’en ai été presque déçu quand messire Black est monté sur scène. Et Dieu sait qu’un show de Frank Black, c’est le genre de choses auxquelles on a hâte.
En 2002, quand le groupe est revenu au Métropolis pour promouvoir Yoshimi Battles The Pink Robots (non, ils n’ont jamais surpassé The Soft Bulletin), je ne m’attendais pas pour autant à quelque chose de spécial, puisque j’avais encore le souvenir du groupe un peu brouillon qui était passé neuf ans auparavant. Seconde commotion! Tout le monde a entendu, depuis, ce dont il est devenu capable: les costumes, les confettis, les accessoires, les délires, la célébration… Imaginez, quand même, le choc, quand on ne sait pas ce qui nous attend, et qu’on «ça» devant soi! Je ne crois pas exagérer quand je dis que tous ceux qui y étaient en conservent un souvenir fort.
On le sait, les Flaming Lips ont depuis répété l’expérience, en 2006 au Festival Osheaga. La grandiloquence et les explosions de couleurs sont maintenant les raisons principales pour lesquelles on retourne les voir. Eh bien voilà, on a de nouveau rendez-vous ce mercredi, 7 juillet au Métropolis pour entendre les chansons d’Embryonic, leur plus récent album officiel, lancé l’automne dernier; celles de leur récente reprise de Dark Side of the Moon de Pink Floyd (ils en jouent quelques extraits sur scène) ainsi que quelques vieux classiques (n’attendez pas les pièces de The Soft Bulletin, cependant; elles sont absentes des setlists de la tournée, jusqu’à maintenant. Petit rappel: je m’entretenais il y a quelques semaines avec Wayne Coyne. Allez ici pour lire ou relire l’entrevue.
Cris et hurlements
Ensuite, il est temps d’aller saluer les héros locaux de retour au bercail. Wolf Parade, qui vient tout juste de lancer son petit troisième, Expo 86, s’installe pour une résidence de deux soirs au National, jeudi le 8 juillet et vendredi le 9. Moools (trois «o», oui) ouvre les deux soirs. Ça va être coool (excusez-la). Les sympathiques Silly Kissers donnent quant à eux leur concert hebdomadaire à la Casa del Popolo, jeudi le 8, avec Caila & Rory (deux membres de Shapes and Sizes) et PyPy (projet secondaire de trois membres de Duchess Says et de Roy de Red Mass).
Si l’indie-rock n’est pas votre truc, l’alternative est au Quai des Brumes, jeudi le 8. Québec Redneck Bluegrass Project, un combo punk-bluegrass composé de musiciens québécois (dont l’ex-Tremblay 73 Jean-Philippe Tremblay) et irlandais, mais formé en Chine, célèbre son retour dans la province par un concert en compagnie de Bernard Adamus (rien que ça), Canailles et Bourbon Bay.
Côté danse, ça se passe le vendredi 9 juillet au Club Pharaon (4119, Saint-Laurent). L’invité d’honneur est Pangaea, figure dubstep anglaise importante, notamment pour avoir cofondé le label Hessle Audio. Jetez une oreille à son excellent EP éponyme, lancé en mai dernier. On ne parle pas ici de dubstep générique, mais plutôt d’une variante raffinée, enrichie de délicates influences house et techno.
Jouer dehors
Pour les amateurs de concerts en plein air et des fêtes de rue, le festival Atmosph’air sur la Plaza convie les mélomanes à sortir du Plateau et à aller entendre ce qui se passe sur la Plaza Saint-Hubert, du 7 au 11 juillet. Les concerts ont lieu du vendredi 9 au dimanche 11, au Petit Medley, ainsi que sur une scène extérieure située aux coins des rues De Lorimier et Bélanger. Chinatown, Bernard Adamus, Orange Orange et Wesli sont au nombre des invités. Horaire complet sur le site du festival.
Dans une veine un peu plus piquante et sautillante, mais tout aussi extérieure, il y a aussi le rendez-vous annuel du Vans Warped Tour, ce samedi 10 juillet. L’événement, qui devait avoir lieu au Parc Jean-Drapeau, a été déplacé sur le parterre de l’Île Notre-Dame, mais conserve son menu débordant de groupes: Andrew W.K., Anarbor, Everytime I Die, Motion City Soundtrack, The New Cities, Eyes Set to Kill, All American Rejects, Sum 41, Bring Me the Horizon et près de 65 autres groupes. Indigestion et insolations à l’horizon (poil au menton).
Jouer en dedans
En comparaison, la soirée du 10 juillet s’annonce beaucoup plus paisible, avec la visite des intéressants trip-hoppeurs de Phantogram, à la Casa del Popolo. La one-woman band Grimes, qui défend une pop expérimentale souvent passionnante, se charge de «réchauffer» la salle (qui risque d’être déjà assez suintante après la semaine qu’on vit présentement).
Si les lundis n’offrent généralement que peu de raisons de se réjouir, celui du 12 juillet fait exception puisqu’il marque le retour du combo indie-pop Passion Pit, au National. Le quintette du Massachusetts avait littéralement fait exploser la Sala Rossa avec ses rythmes dansants, l’an dernier. On compte sur une répétition du même phénomène, d’autant plus qu’il y a cette fois les bondissants Torontois de Woodhands en première partie. Des membres de Passion Pit continueront la fête avec un DJ set au Blizzarts, plus tard en soirée.
Enfin, la trilogie Back to The Future ne se sera finalement trompé que de quelques jours. Alors que les films de la série annonçaient l’arrivée de Marty McFly en 2010 pour le 6 juillet, son arrivée aura plutôt lieu le mardi 13 juillet. C’est en effet la date de la visite attendue de Delorean au Belmont. Pour qui n’avait pas fait le lien, la Delorean est le nom de la voiture dans laquelle se trouve la machine à voyager dans le temps de Doc Brown. Et Delorean, le groupe espagnol, est en lui-même un peu une machine à voyager dans le temps, avec son mélange de britpop et de dance des années 90. Un hasard? Je ne crois pas.
Un incontournable? Les Flaming Lips, mercredi 7 juillet au Métropolis avec Fang Island.