Pour sa 4e édition, Haïti en folie se donne des airs jamaïcains. Au programme, un spectacle au nom du Roi des Caraïbes: le seul et unique Bob "No woman no cry" Marley. Dans la pure tradition reggae, le duo haïtien JahNesta s’est donné pour mission de lui rendre un hommage « bien comme y faut ». Entrevue avec le compositeur-interprète du groupe, Alain Moraille.
Que signifie le nom de ton groupe JahNesta?
Jah, c’est Dieu (Jéhovah) et Nesta veut dire messager. Pourquoi ce nom? Parce que notre musique véhicule un message. JahNesta, c’est aussi en hommage à Bob Marley, dont le nom est Robert Nesta Marley.
Comment as-tu commencé à composer du reggae?
Très très jeune, je suis tombé sous le charme de cette musique. En grandissant, j’ai réalisé que le reggae était beaucoup plus que de la musique. Le reggae chante le quotidien des gens, exprime leurs souffrances et leurs sentiments.
En quoi est-ce que JahNesta se différencie des autres groupes reggae, et comment ton origine haïtienne influence ta création musicale?
Lorsque la démarche de l’artiste est sincère et naturelle, je crois qu’automatiquement, sa musique a quelque chose d’unique. Quant à mon origine haïtienne, c’est sur qu’elle influence ma musique, ne serait-ce que par le fait que je chante en créole.
Tu es réputé pour captiver la foule par des «messages libérateurs de vérit». Quels sont les thèmes que tu tiens à partager avec le public?
La justice! C’est la base. On veut tous la paix, mais sans justice, la paix devient utopique. Une société bâtie sur l’injustice et l’iniquité est une société condamnée à ne jamais progresser.
Tu te donnes l’étiquette de «rebelle». Dans quel sens te qualifies-tu ainsi?
Je refuse d’accepter l’inacceptable. Je suis rebelle pour dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
Bob Marley est l’une des inspirations marquantes de JahNesta. Pourquoi teniez-vous tant à lui rendre hommage?
À l’origine, le groupe a été fondé pour rendre hommage à Bob Marley. Avant, on ne jouait que des morceaux du «Roi». Quand les organisateurs de Haïti en folie ont eu cette idée, on s’est dit "super"! Si on fait de la musique aujourd’hui, c’est bien à cause de l’œuvre de Bob et de son impact sur notre vie.
Tu as élu domicile à Miami. Quel est la vibe musicale de cette ville multiculturelle?
Je n’ai jamais trouvé que Miami avait une vraie vibe musicale…Il y a le côté «South Beach», avec ses boîtes et ses DJs, mais ce n’est pas vraiment mon truc…
La scène montréalaise ne t’est pas inconnue, comme le prouve ta participation aux Francofolies et au Festival de Reggae. Que penses-tu de l’énergie qui se dégage de Montréal?
Montréal est une ville que j’aime et qui est vraiment spéciale. J’aime la chaleur des gens et la diversité qu’on y retrouve. La première fois que j’y suis venu, c’était en hiver, et je suis tombé sous le charme. Alors imaginez en été, participant à tous ces festivals!
En quoi est-ce significatif pour toi de participer à Haïti en folie?
Haïti en folie s’est taillé une place dans l’univers de l’art et de la musique haïtienne. Y participer nous permet de toucher nos frères et sœurs de la communauté, mais aussi tout le monde. C’est enrichissant de partager avec d’autres cultures.
Quels sons se démarquent à Haïti à l’heure actuelle?
Le hip hop et le rap kreyol, avec des groupes comme Barikad Crew ou Rockfam, ont vraiment le vent en poupe auprès des jeunes. Quant à lui, le reggae ne fait pas de vagues, mais il est toujours bien présent dans la cité. Justement, on sera en Haïti pour le Festival de reggae dimanche.
Dans quelle atmosphère se déroule Haïti en Folie après les durs événements de cette année?
La musique est toujours présente chez nous, dans les bons comme dans les mauvais moments. La musique est une force: elle guérit et conscientise. Le «12 janvier» sera très présent pendant la semaine du festival, car nous sommes tous marqués pour la vie.
JahNesta | 23 juillet à 21h
Théâtre Telus | 1280, St-Denis