Aller au contenu
Stereo Total: comme un sitcom

Quand on va voir Stereo Total en concert, on sait exactement à quoi s’attendre. Françoise Cactus aura l’air un peu perdue, parfois même carrément l’air de s’emmerder. Brezel Göring  va faire le pitre, émettre des bruits bizarres avec ce thérémin monté sur son synthé… Lui alternera entre cette machine étrange et une guitare rectangulaire loufoque, tandis qu’elle fouinera dans son livre de paroles de chansons lorsqu’elle n’est pas assise à la batterie. On va entendre «National 7», «L’Amour à trois», «C’est la mort», «Musique automatique», une poignée de reprises… Un membre du public viendra danser durant «L’Amour à trois», Brezel fera le coup du «french kiss» avec lui-même, le concert va se terminer avec «Everybody in the Discotheque (I Hate)» avec encore plus de membres de l’auditoire sur la scène, puis le tandem franco-allemand s’éclipsera au son du thème musical de L’Orange mécanique.

Et c’est bien ce à quoi on a eu droit lors de la dernière visite du duo, le 27 août à la Sala Rossa. Évidemment, il fallait rajouter au menu quelques extraits du plus récent opus, Baby Ouh!: «Andy Warhol», «Barbe à papa» (une succulente reprise de Brigitte Fontaine), «Alaska», «Violent Love», la comique «I Wanna be a Mama», la touchante pièce-titre de même que la désormais classique reprise d’«Illégal», de Corbeau… Toujours au chapitre des reprises, on a eu droit à celle (brèvissime) de «Push it» de Salt N’ Pepa. En dehors de cela, Stereo Total, d’une fois à l’autre, c’est passablement du pareil au même.

Répétitif? Bah, comme un bon groupe punk ou un bon sitcom peut l’être. Comme le vieux couple qu’ils sont, Cactus (la Française si bien adaptée à sa vie berlinoise qu’elle s’adresse parfois à la foule en allemand) et Göring (l’Allemand qui casse son français d’une si jolie façon) ont leurs petites habitudes. Tout comme ce son électro-rock un peu bancal qu’ils astiquent maintenant depuis 17 ans, elles font partie de leur charme. Leur public attend et accueille ces points de repère avec le sourire. D’ailleurs, dans cette salle plus intime que celles où ont lieu les plus récentes escales de Stereo Total (le Club Lambi à l’automne 2009, puis le National la fois d’avant), il y avait cette fois une interaction amusante entre le groupe et les fans. Cactus leur a fait choisir entre une version en japonais ou en français d’«Alaska». Fidèle à elle-même, Montréal a préféré l’option bilingue.

Bref, aucune surprise, mais des tubes à la pelletée et un sourire amusé sur la plupart des visages à la sortie. Comme d’hab, quoi.

Ou plutôt, si, une surprise: Bobo Boutin, l’ex-Georges Leningrad qui assurait la première partie. Enfin sorti de sa tanière après avoir passé les deux dernières années à préparer son envol solo, il a donné une prestation aussi déconstruite qu’amusante, du genre qui se décrit mal en mots. Autant sur le plan musical que scénique, Boutin s’avère capable de retransmettre à lui seul l’esprit pété des Georges, quoique de façon plus minimaliste. Maquillé (évidemment) et armé seulement d’un clavier et de quelques machines, il installait une sorte de climat cauchemardesque différent d’une pièce à l’autre et incarnait littéralement l’esprit de chacune avec un chant dadaïste accompagné de simagrées, allant des mimes d’animaux au lipsynch d’engueulades enregistrées sur séquence, en passant par un défoulement plus rock et primaire. En espérant qu’il prenne l’habitude de ces sorties au grand air.

 

Plus de contenu