Montréal a son lot d’adresses hantées, de lieux qui sont la scène de dégringolades successives de commerces. Le 1148, Mont-Royal Est en fait partie. Animée d’une curiosité morbide, je me dirige donc vers le dernier-né de l’endroit mythique: le Candi Bar. Une fois les portes franchies, tout le cynisme du monde ne pourrait m’empêcher de sourire. Ici, on n’a pas lésiné sur les moyens: 80 000 blocs de Lego composent le bar, des machines à bonbons trônent sur les tables, et des jambes à porte-jarretelles servent de tabourets. Autour de nous, que des meutes de jeunes filles qui rigolent au son de la pop électro, et deux gars qui se sentent en infériorité numérique… incapables de cruiser. La serveuse nous apporte ub lollypop géant qui fait office de menu. L’élément-surprise? De la slush! Après un débat existentiel, on choisit enfin nos potions.
Énervée comme une petite fille, je calme mon hyperactivité en visitant les WC. Chez les filles: style rococo, dessins animés de Betty Boop et toilettes doubles de style on-fait-pipi-ensemble-et-on-aime-ça. Chez ces messieurs, j’entrevois des urinoirs du genre on-fait-pipi-dans-la-bouche-d’une-femme-et-on-aime-ça-aussi.
L’heure de la dégustation a sonné. C’est officiel: le Candi Bar porte bien son nom. Chaque gorgée de ma slush pour adulte me ramène dans les souvenirs sucrés de mon enfance. Après avoir bu jusqu’à plus soif, le taux de glycémie dans le plafond, on s’est amusés à jouer à récupérons-les-gummies-dans-le-fond-des-verres partis bras dessus, bras dessous, prêts à écouter un bon vieux Walt Disney en pyjama rose nanane.
Candi Bar
1148, Mont-Royal E.