Un vieux sage a dit: «ça fait longtemps depuis le rock n’roll». OK, Robert Plant n’est pas si vieux, ni sage pour deux sous, mais bon… Ce sont ces mots nobles qui me viennent à l’esprit quand je regarde le calendrier des concerts à venir au cours des prochains jours.
En effet, après le déluge d’indie-machins de Pop Montréal, voici revenu le temps de se doucher aux amplis et à la distorsion. En premier lieu, jeudi 7 octobre, un retour que j’attendais avec impatience: The Sadies (en photo) au Divan orange. Voilà une dizaine d’années qu’on savait le quatuor torontois imparable sur les planches, lui qui manie les sonorités vintage de psyché-rock et de country avec l’adresse, l’intensité et la passion d’un Mike Gauthier quand il prononce le nom de «Me-DAWN-Ah». Mais avec Darker Circles, son plus récent album, lancé au printemps, le groupe a vraiment haussé la mise en ajoutant à son répertoire des pièces efficaces, habiles, senties, enveloppées d’une mélancolie exprimée sobrement… Vraiment, une trame sonore automnale parfaite. Frissons garantis à l’écoute de la pièce «Tell Her What I Said».
Vendredi 8 octobre et samedi le 9, le quatuor local Demon’s Claws souligne le lancement de son nouvel album, The Defrosting of, à l’Escogriffe. Tout ça s’inscrit dans une vaste opération de retour aux sources, man: le groupe est revenu à sa formation originale (Jeff Clarke, Pat Météor, Ysaël Pépin et Brian Hilderbrand) de même qu’à un son plus proche de celui de ses débuts (full punk n’roll bluesy)… Il va donc de soi qu’il célèbre le tout en jouant deux soirs là où il a fait ses premières armes. Concept, concept!
Hasard intéressant: les Demon’s Claws font partie de la confrérie des Kukamongas, un club secret (qui inclut aussi les Black Lips) créé et chapeauté par le sieur King Khan. Ça tombe-tu bien: le King Khan en question – ce maître incontesté de la scène rock garage locale, qui vit en exil à Berlin – est de retour en ville ce weekend itou, soit le 9 octobre au Cabaret Mile-End. Avec ses Shrines, bien sûr. Je ne suis pas trop du genre téméraire, dans la vie, mais je parierais douze ou quinze bières qu’il y aura rencontre au sommet d’un quelconque ordre entre le Roi et les Claws à un moment donné au courant de la soirée.
Pas de doute, ça schlingue de talent du côté des Kukamongas, mais il est vrai que tout ce beau monde est d’une subtilité digne d’un paquebot dans une barboteuse gonflable. Ceux qui préfèrent une approche plus mélodieuse et atmosphérique pourraient trouver davantage leur compte au concert des Walkmen, le 8 octobre au Cabaret Juste pour rire. Sans farce, c’est un pensez-y-bien: Lisbon, leur plus récent album, est vraiment bien foutu.
Hasard, cuisine et jolis minois
OK, OK, j’ai menti: il n’y a pas que du rock au programme dans les jours à venir. Comme tous un chacun aimant fréquenter l’intersection Saint-Denis/Mont-Royal sait, le Quai des Brumes fête ce mois-ci son vingt-cinquième anniversaire et présente des concerts spéciaux dans ses murs tout au long du mois. Ce jeudi 7 octobre, Random Recipe anime les festivités. Attention, maintenant que l’album du groupe est sorti, ce genre de rendez-vous dans de si petits endroits risque de se faire rare.
Enfin, Sufjan Stevens, roi de la délicatesse bien orchestrée et de la géographie étasunienne, est de retour en ville le mardi 12 octobre au Métropolis. À sa dernière visite, le snoreau s’était enfermé au minuscule Cabaret Juste pour rire, interdisant par le fait même l’accès de son concert à 90% de ses fans montréalais. Le belâtre lance le même jour son nouvel album attendu, The Age of Adz. Que tous et chacun ont sûrement déjà, ne nous racontons pas d’histoires, mais faisons comme s’il s’agissait d’un jour spécial quand même et tâchons de ne pas chanter les paroles déjà apprises par cœur en même temps que lui durant le concert. Il risquerait de jouer au Cagibi la prochaine fois.