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Pierre-Marc Drouin: portrait de la génération Y-naction

«C’est de ça que je parle quand je dis ‘réactionnaire’!», me lance Pierre-Marc Drouin avec délectation lorsque je lui dis que si les politiciens s’adressaient à la génération Y, cette dernière s’intéresserait peut-être à la question politique. Barbe coupée au couteau, tatouage au bras et regard vif, l’écrivain et cinéaste de 25 ans n’en est pas à sa première argumentation et il est franchement puissant côté rhétorique. Pour le constater, effectuer la lecture de Si la tendance se maintient, son roman fictif, paru depuis peu aux Éditions Québec Amérique. Une allégorie mordante qui fait un parallèle entre un jeune homme défaitiste et sans ambition et… le Québec.
 

La terre du status quo 
Pour le très nationaliste Drouin, le Québec est trouillard. C’est une province qui ne s’assume pas, qui a peur, et surtout, qui est réactionnaire au lieu d’avoir de l’initiative. Un peu comme Jean-François Gagnon, le personnage principal de son roman, qui quitte sa banlieue natale pour aller étudier les sciences politiques à Montréal. Victime d’intimidation pendant toute son enfance, il vient fuir le passé, se reconstruire une identité, et surtout, tout faire pour qu’on le laisse tranquille. Son moyen pour y arriver: du militantisme de pacotille, du sexe, des partys, et le bon vieux status quo dans à peu près tous les domaines de sa vie. Une solution qui fera tout sauf lui éviter des problèmes…

Un roman qui contient des chapitres comme «Mon premier référendum» et «Mon scandale des commandites», ça part politique. Drouin connaît très bien l’histoire et les débats entourant sa province et les inclut dans son récit de manière piquante et souvent marrante. Les sacres, la sexualité débridée et le manque de tabous bien typiques de la génération Y y sont eux aussi exposés à la perfection, pour le plus grand plaisir des enfants de baby-boomers. Mais leur côté plus noir y est aussi: désintérêt quasi-total pour la question politique, manque d’ambition et quête parfois peu fructueuse de l’identité… L’auteur affirme avoir une foi infinie en sa génération qui «a tous les talents» mais qui doute trop d’elle-même dans un ère où «avoir un Bac, c’est comme avoir un secondaire cinq».

 

Un gars d’action 
À part venir de la banlieue et avoir lui aussi été rejet dans son enfance, Pierre-Marc Drouin est loin de la couille molle d’anti-héros qui évolue péniblement dans son roman. Il semble ambitieux, confiant et sensible à la fois. C’est avec la même vivacité qu’il aborde des sujets comme l’identité masculine, ses bars préférés du Mile-End, le peuple québécois et l’effet néfaste que les critiques négatives ont sur sa démarche artistique. Cultivé, allumé, sans tabou, de party: c’est le typique gars Y, avec l’edge politique en plus. Il aime ça, les sujets tabous, et en rire, ça permet selon lui de passer à autre chose et de regarder vers le futur.

Sa solution à l’inaction des jeunes Québécois? Ces derniers doivent s’intéresser à un domaine qui influe grandement sur leur vie quotidienne et leur avenir: la politique. Débattre, voter, et AGIR. Car si la tendance se maintient, il n’y aura plus grand monde en politique après les baby-boomers…

 

Si la tendance se maintient
Présentement en librairie
Éditions Québec Amérique | quebec-amerique.com

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