Il était une fois, dans un presque pays appelé le Québec, une scène musicale déchirée, méconnue, et se cherchant elle-même. Auparavant pleine d’espoir, elle a ensuite passé plusieurs années à stagner et à tenter de se définir sans jamais vraiment y parvenir. Elle arrive maintenant dans une ère nouvelle; un vent de fraîcheur lui souffle dans le dos. Mais réussira-t-elle à vaincre ses propres démons?
La scène hip hop au Québec, c’est une histoire de « presque ». Ça a presque marché, ça joue presque à la radio, c’est presque organisé, beaucoup ont presque du talent et tout ce beau monde réussit toujours à s’entendre… à presque s’entendre.
Ce qui m’interesse ici, c’est la question des galas. Il y a un nouveau joueur dans ce domaine, organisé par l’Association des artistes hip hop de Montréal (WTF???): il se nomme Montreal Hip Hop Awards. Pas entendu parler? C’est normal; c’était dimanche dernier, et le communiqué de presse était presque dernière minute. Je suis toujours content quand je vois les gens du milieu (milieu dont je fais presque partie dépendamment du point de vue) s’organiser pour faire avancer les choses.
On ne se cachera pas que l’ADISQ, c’est un peu n’importe quoi pour les votes hip hop (comme plusieurs autres catégories d’ailleurs). Autant avant, Florent Volant aurait pu gagner, autant maintenant, le panel de juges a été épuré pour que des « ovnis » comme Omnikrom ou Radio Radio ne gagnent pas trop souvent.
Mais une réalité reste quand même dans l’ombre, et c’est celle-là que le Montreal Hip Hop Awards veut principalement couvrir. Les groupes plus « street », les artistes qui font du bruit dans les radio underground comme Nuit Blanche, les laissés-pour-compte dont les vidéos ne passent pas à MusiquePlus, même si la qualité est au rendez-vous. Les artistes trop « rap » pour intéresser le grand public.
Le problème, c’est que tout ça ne règle rien. Un gala annoncé deux semaines à l’avance ne peut pas être pris au sérieux, sorry. Un gala avec une personne qui décide qui est nommé non plus; ça prend un comité de gens qui ne pensent pas tous pareil. Aussi hip hop ou street que tu veux/peux être, il faut que l’image que tu projètes soit impeccable. Un gala « entre amis », c’est pas vraiment un gala; c’est un party pour se donner des tapes dans le dos. C’est un peu comme reprendre l’adage « diviser pour mieux régner », sauf qu’ici, on divise pour pouvoir régner sur la fraction de la scène qui nous intéresse.
À quand le gala Hip hop Franco, pour récompenser les « rappeurs internet » qui ont juste de la visibilité online, mais dont personne ne parle dans la vrai vie? À quand le gala HHQC pour les « rappeurs internet » ET ceux dont personne ne parle en dehors de la ville de Québec?
Un jour peut-être y aura-t-il un véritable gala pour le hip hop (ou une portion digne de ce nom dans un gala comme l’ADISQ), mais pour l’instant, on continue juste de diviser le gros morceau en créant de petites unions.
Un hybride entre l’ADISQ, le SOBA et le MHHA?
P.S : l’Association des artistes hip hop de Montréal …WTF???
Vidéo de la semaine:
Le vidéo de présentation des Montreal Hip Hop Awards