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Kier-La Janisse: rencontre avec la prêtresse de la pellicule

 
Nous savons tous que l’on vit dans une ère très, très trouble. Une ère où la majorité de la population descendrait bien plus vite dans les rues s’il s’agissait de se battre pour l’implantation d’un combo slush-burrito-hamburger au cinoche (shit man!) que s’il était question de se battre pour empêcher la fermeture d’une salle de ciné pour toujours et à jamais (bleh, plate). Du coup, quand quelqu’un décide de dire «fuck you tous, moi j’en ouvre une, salle!» on pense direct que cette personne est… un peu givrée? Complètement inconsciente? Toutes ces réponses? Hmm, hmm.

Kier-La Janisse, elle, est surtout vachement brillante. Après avoir programmé pour des endroits réputés, tel le Alamo Drafthouse à Austin, la jeune femme a décidé d’ouvrir à Montréal City, le centre psychotronique Blue Sunshine avec son comparse David Bertrand. «De nos jours, la plupart des gens se foutent du film, dit-elle tout de go. Ils peuvent le pogner sur internet. Ce qu’ils veulent, c’est une expérience et c’est là-dessus que je mise: venir ici, c’est comme venir à un house party

Par exemple? Pour célébrer les jours qui précèdent l’anniversaire de JC (lire: le Fils de l’autre), Dave et elles ont préparé la série High for the Holidays. «On va exclusivement projeter des films où il est question de dope: Panick at Needle Park, Death in Small Doses…. Appelons ça un petit spécial anti-Noël.»

Et hop, Tim Allen.

Transmission
Mais ce n’est pas tout. Dans l’antre de Blue Sunshine, Kier-La a également instauré le Miskatonic Institute of Horror Studies. «Le premier film que j’ai vu de ma vie, c’était Horror Express, et je suis immédiatement tombée en amour avec le genre. Sauf qu’on s’entend que les fans d’horreur, ça ne courait pas les rues, à Winnipeg! Je n’avais aucun réseau, aucun moyen de rentrer en contact avec d’autres passionnés…»

Ainsi donc, quand un ami libraire lui a demandé, bien des années plus tard, de donner des cours aux jeunes sur la question, elle a dit oui direct. Puis, quand elle a déménagé à Montréal, elle a carrément décidé de fonder une institution. «Le but, ce n’est pas d’intellectualiser le propos à fond, mais bien de faire réaliser aux étudiants que les films d’horreur ne sont pas aussi stupides qu’on le pense.»

Et le nom? «C’est un hommage à H.P. Lovecraft, dit-elle en souriant. Quand j’étais ado, j’avais lâché les études. La lecture de ses histoires et la description de son ‘Miskatonic University’ m’ont donné le goût d’y retourner. Je m’imaginais vivre une vie d’académicienne excitante et mystérieuse. Quand j’ai fini par obtenir mon diplôme, j’ai découvert à mon grand désarroi que l’Université Miskatonic n’existait pas réellement! Mon école, c’est un peu ma manière de la rendre vraie…»

Blue Sunshine | 3660, St-Laurent, 3e étage
Pour plus d’infos sur la programmation et le Miskatonic Institute: blue-sunshine.com

 

 

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