On se croirait sérieusement en 2005, cette semaine. Vous vous souvenez de cette époque où dès qu’un jeune groupe local anglo lançait un album, on pouvait tout de suite garantir son succès au-delà de la frontière?
Les choses sont revenues à la normale, depuis, mais voici venir Braids et son art-pop atmosphérique. Son premier album, Native Speaker, n’est paru que cette semaine, mais dès l’été dernier, il est devenu clair, au vu des réactions de la presse musicale américaine à ses concerts au pays de l’Oncle Sam, que le jeune quatuor (comme dans: tout juste 20 ans de moyenne d’âge) était promis à de belles choses dans les circuits indie.
La surprise, c’est la réaction des médias populaires et du grand public aux premiers extraits largués en ligne, ces dernières semaines, et la hype généralisée que suscite le groupe. C’est qu’on ne parle pas d’indie-pop orchestral, ici, mais plutôt d’une musique plutôt expérimentale et abstraite par moments. Comme quoi la commercialisation de la culture indie a ses bons côtés. Maintenant qu’Animal Collective (dont Braids s’inspire beaucoup) a pris la place de Radiohead comme modèle de pop créative, il en faut plus que ça pour qualifier une musique de «bizarre».
Bref, le temps est venu de baptiser officiellement le rondelet de plastique et potentiellement de voir Braids dans une petite salle pour une dernière fois, lors du lancement officiel de Native Speaker, ce jeudi 20 janvier à la Sala Rossa. L’excellent trio local Pop Winds et le combo néo-écossais Long Long Long officient en lever de rideau. Et si par grand malheur vous avez vécu sous une roche depuis deux mois et n’avez PAS encore lu notre entrevue avec Braids dans notre édition de décembre-janvier, c’est ici que ça se passe.
Toujours du côté des héros locaux, le tandem Chromeo remonte sur les planches montréalaises ce vendredi 21 janvier au Métropoolis avec MNDR et Young Empires. Ce n’est pas en 2005 que ce groupe-ci nous ramène, mais bien 20 ans plus tôt, en 1985, avec son synth-funk chromé (oh!). N’en déplaise aux deux chums, qui disent avoir ramé fort pour explorer de nouvelles avenues sur leur plus récent opus, Business Casual, leurs dernières chansons évoquent encore, comme leurs plus vieilles, le CKOI de l’époque des Camaros, du linge fluo et des coupes Longueil. Ses fans locaux ne semblent pas trop se formaliser de ce surplace musical, cela dit, puisque c’est quand même le second Métropolis que Chromeo se tape en six mois. Pas mal, pas mal. Je continuerai quand même d’espérer secrètement que Dave One se remette un jour à pondre des gros beats hip-hop lourds, comme à l’époque où il gérait le label rap Audio Research. Tant qu’à feeler nostalgique…
Quiche Lauryn
Le gros concert de la semaine, voire de la saison hivernale au grand complet, demeure néanmoins celui de Ms. Lauryn Hill, dimanche 23 janvier au même Métropolis. Elle aussi nous ramène dans le temps, soit en 1998, époque de son seul et unique album solo. Reconnaîtra-t-on ses chansons? Enverra-t-elle quelqu’un d’autre chanter à sa place? Se pointera-t-elle seulement au show? Disons que son dossier récent laisse des doutes planer sur chacun de ces points. Mais si tout se passe bien, les fans devraient avoir droit à un assortiment de pièces solo, de chansons des Fugees et même de classiques de Bob Marley. Parce que la dame partage sa vie avec le fils du grand monsieur et que voilà, maintenant, c’est à elle de nous mener vers Zion.
L’Igloofest entre enfin dans son second weekend. Ce jeudi 20 janvier, le glitch-hopper expérimental américain Eskmo est en tête d’affiche avec l’Anglais Terror Danjah, la rappeuse américaine Kid Sister et le Montréalais Marc Rémillard. Vendredi le 21, le duo suisse Round Table Knights, le pilier anglais Andrew Weatherhall, le Torontois Egyptrixx et le Montréalais Panton composent la soirée la plus musicalement ambitieuse de cette édition 2011, tandis que le Français Pépé Bradock, le Montréalais exilé à Berlin Guillaume Coutu-Dumont, l’Allemand Isolée et le Montréalais Akufen occupent la scène le samedi 22. Au Quai Jacques-Cartier du Vieux-Port de Montréal, comme toujours.
Également au programme: The Concretes avec Hooray for Earth et Receivers, mercredi 19 janvier à la Sala Rossa; Jesuslesfilles avec The Peelies et Kier Keating, jeudi 20 janvier à l’Esco; Caroline Keating avec Philémon Chante, samedi 22 janvier au Quai des Brumes; D’Eon et Original Arctic Power au Club Lambi, samedi 22 janvier dans le cadre de la soirée Cocktail Club Soundsystem ainsi que Kylesa avec Rosetta, Fight Amp et Bludgeoned, lundi 24 janvier au Il Motore.
Un incontournable? Braids avec The Pop Winds et Long Long Long, jeudi 20 janvier à la Sala Rossa.