La raison ou le désir? La tête ou le cœur? Montréal est une maîtresse en manque chronique d’affection qui demande constamment à voir ses amants que sont les mélomanes. Vient un temps où il faut savoir choisir auxquels de ses appels répondre.
Ceux-ci seront nombreux en ce jeudi 24 février. À la Casa del popolo, on souligne le lancement d’une des grosses parutions locales de l’hiver 2011, à savoir le second opus du quatuor The Luyas, Too Beautiful to Work. En fait de pedigree, le band pourrait difficilement faire mieux, lui qui se trouve relié simultanément à ses concitoyens de Torngat, Bell Orchestre, Arcade Fire, SS Cardiacs, Miracle Fortress et sans doute quelques autres aussi par les seuls CVs de ses membres (Jessie Stein, Pietro Amato, Mathieu Charbonneau, Stefan Schneider et, occasionnellement, Sara Neufeld). Too Beautiful to Work est par ailleurs une impressionnante réalisation, aux égales tendances pop et expérimentales.
Pas de doute, c’est là que la raison nous convie jeudi. Mais le cœur, lui, nous rappelle que le combo hip-hop Alaclair Ensemble est au Quai des brumes exactement en même temps, en compagnie de Half Baked. Soit, la musique est moins nouvelle, mais le collectif de Québec-Montréal ne se produit que rarement (justement à cause de cette double nationalité), a une vision d’enfer du hip-hop et sait mettre le feu à une salle. L’éclectisme du programme (Half Baked, c’est bonjour le rock pété) ne le rend par ailleurs que plus alléchant.
Et tandis que la vague néo-grunge sera fièrement représentée dans nos murs ce weekend par la visite de non pas un, mais deux de ses représentants les plus illustres, la raison nous dit évidemment d’aller tendre l’oreille à celui qui a le plus «d’indie cred» et d’appuis critiques, soit le quatuor de Los Angeles Dum Dum Girls, de passage le dimanche 27 février au Il Motore avec Minks et Dirty Beaches. Mais l’émotion, elle, nous attire vers la variante plus ensoleillée et pop du duo de Denver, Colorado, Tennis.
Composé de deux époux maniant guitare et batterie, le groupe livre des pièces inspirées d’un voyage de huit mois à travers l’océan Atlantique en voilier. Je sais pas pour vous, mais voilà le genre d’histoires qu’il fait doux entendre en ce froid février. Ça et les refrains ensoleillés qui vont avec, bien sûr. Monsieur Patrick Riley et madame Alaina Moore hissent haut jusqu’au Il Motore, ce samedi 26 février en compagnie de Holiday Shores.
La nuit court après le jour
Parlant du 26 février, la raison qui tente de nous inciter à aller au dodo de bonne heure devra crier bien fort pour se faire entendre en ce soir de Nuit blanche, qui clôture comme chaque année le festival Montréal en lumière. Les activités musicales gratuites offertes tout au long de la nuit sont trop nombreuses pour être énumérées ici (faudra plutôt aller là), mais on s’entend pour dire que les deux points de ralliement sont le Métropolis et le Club Soda.
Le premier héberge la Nuit blanche de Bande à part, de 21h à 5h du mat’. Au programme: des prestations de Fred Fortin, Groovy Aardvark, We are Wolves, Loco Locass, Holy Fuck, Géraldine, La Patère rose et bien d’autres. Au Club Soda, c’est l’édition spéciale de la soirée Karnival de Poirier, de 22h à 3h, avec le Ghislain en question, de même que ses invités Ghostbeard, Face-T et Boogat, exceptionnellement flanqués d’une troupe de danseuses brésiliennes et d’une autre de percussions brésiliennes. Coupes brésiliennes offertes gratuitement backstage (ou non).
Détail non négligeable: ces deux événements sont gratuits, quoique fortement susceptibles d’être plein à craquer. Arrivez tôt, même si ça finit tard, et donnez tort à la raison.
Également au calendrier: Jenn Grant, jeudi 24 février au Divan orange; Étienne de Crecy avec Jordan Dare et Panton, jeudi 24 février au Belmont; Quantic avec Lexis, Andy Williams et Snowflakes, jeudi 24 février au Club Lambi; Sheezer, vendredi 25 février au Il Motore; Cocobeurre (lancement d’album), vendredi 25 février au Monastiraki; Onomatops avec Le Grand Nord, vendredi 25 février au Quai des brumes; Asobi Seksu et Brahms, samedi 26 février à la Casa del popolo; Chantal Archambault et Jolie Jumper, lundi 28 février chez Baptiste sur Masson; Auguste avec Hugo Bourcier et Filon d’art, lundi 28 février au Lion d’or dans le cadre des Francouvertes; Girl Talk avec Max Tundra et Junk Culture, mardi 1er mars au Métropolis et The Smith Westerns avec Unknown Mortal Orchestra et The Peelies, mardi 1er mars à la Sala Rossa.
Un immanquable? Alaclair Ensemble et Half Baked, jeudi 24 février au Quai des brumes.