Quand l’ennemi arrive de partout, on a la gâchette facile. Quiconque a passé quelques samedis soirs devant la télé a pu le constater dans le film The Descent. Attaquée de part et d’autre par les vilaines créatures des cavernes, l’une des héroïnes tranche malencontreusement la gorge d’une de ses amies… Ô, sombres réflexes.
La musique n’est certainement pas une raison pour trancher des gorges, mais on s’est peut-être montré un peu trop sceptique à l’endroit du combo The Low Anthem lorsque celui-ci est débarqué avec l’album Oh My God, Charlie Darwin, en 2009. Il était sympathique comme tout, en plus, cet album, mais quelque chose dans son titre fleuri et dans ses réminiscences pop laissait croire à un énième protagoniste indie-machin plus contenant que contenu. Chat échaudé craint les chansons froides…
Les doutes ont clairement été dissipés la semaine dernière quand est paru Smart Flesh, quatrième et nouvel album du quatuor de Providence, Rhode Island. De toute évidence, The Low Anthem appartient d’abord au folk et au country. Les liens de parenté avec Brian Wilson et l’indie-pop plus récent sont là, mais accessoires, décoratifs. Le cœur du groupe bat au rythme de Dylan, Cohen, Gram Parsons, et il le montre avec plus de conviction, de révérence et de profondeur sur le nouvel album.
Tout ça pour dire qu’on a bien hâte à la visite du quatuor, ce jeudi 3 mars à la Sala Rossa. Guitares space, harmonies vocales chatoyantes et envolées improbables de clarinette au menu. Un programme chouettement complété par un groupe local pleinement compatible, The Barr Brothers, ainsi que par le troubadour américain Daniel Lefkowitz.
Ce même scepticisme à l’égard de l’indie-pop a également bien failli nous faire passer par-dessus Telekinesis, ce one-man band de Seattle qui lançait récemment un fort bon second album, 12 Desperate Straight Lines, sous Merge.
Écouté rapidement, le projet de Michael Benjamin Lerner n’a rien pour écrire à sa mère: des mélodies pop souvent sucrées, des rythmiques et des riffs simples… Mais un contact prolongé révèle un disque avec des couilles, un cœur, de l’émotion. Il y avait un moment qu’un groupe indie sérieux n’avait pas osé citer Weezer, Superchunk, Paul Simon et The Cure sur le même album. Il n’en faut pas plus pour nous donner envie d’être à la Casa del popolo le 7 mars, mais y a quand même cet hypothétique «plus», puisque les premières parties sont assurées par le duo californien Pepper Rabbit (qui lançait fin 2010 l’excellent album Beauregard, must pour les fans des Shins, Rogue Wave, etc.) ainsi que par le duo local Panache. Programme de course.
Un mauvais garçon au musée
Un autre cas de scepticisme injustifié serait celui, moins nouveau, qu’on a pu ressentir à l’égard de Jimmy Hunt lorsqu’il a donné suite à l’expérience Chocolat avec son premier opus éponyme, l’automne dernier. Chocolat, c’était le trip rock de mauvais garçon amené jusqu’au bout, frasques comprises, mais pas toujours avec la musique amenée aussi loin qu’elle aurait dû l’être. Son album à lui, en revanche, est une affaire pleinement développée, assumée et sentie. Pas pour rien qu’il a abouti sur tant de listes best of de 2010. Depuis son lancement, Hunt s’est surtout produit en région et rarement à Montréal. Voici qu’il remonte sur les planches locales ce vendredi 4 mars au Musée d’art contemporain dans le cadre de la série Nocturnes.
Également au calendrier: Revolver avec The Beets, mercredi 2 mars à la Casa del popolo; Monogrenade (lancement d’album), jeudi 3 mars à la Casa del popolo; Qualité Motel, jeudi 3 mars à La Tulipe; Play Guitar avec Parlovr, Reversing Falls, Adam & the Amethysts, Kvetching Mouth, Mozart’s Sister, Asthma Camp et Super Chow Bros, vendredi 4 mars au Il Motore dans le cadre du troisième anniversaire des productions Passovah; The Unsettlers avec Bad Uncle, vendredi 4 mars aux Katacombes; K.A.N.T.N.A.G.A.N.O. (lancement d’album) avec Montreal Nintendo Orkestar et Cheerleader 69, vendredi 4 mars à la Casa del popolo; The Planet Smashers avec The Dreadnoughts et The Resignators, vendredi 4 mars au Club Soda; Say Hi avec Blair, Small Sins et Yellow Ostrich, samedi 5 mars à la Casa del popolo; Géraldine, 6 mars au Quai des brumes dans le cadre des dimanches Déplogue; Émile Gruff, Benoît Rocheleau et Tako Tsubo, lundi 7 mars au Lion d’or dans le cadre des Francouvertes; Marnie Stern avec Tera Melos et Crabe, lundi 7 mars au Il Motore; on a créé UN MONSTRE (lancement d’album), mardi 8 mars au Divan orange et Lunice avec Prison Garde, Ango, Nautiluss et Rilly Guilty, mardi 8 mars au Belmont.
Un immanquable? The Low Anthem avec The Barr Brothers et Daniel Lefkowitz, jeudi 3 mars à la Sala Rossa.