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Pixies @ Métropolis: le cœur du mythe
Crédit: Simon Gosselin

Lu la semaine dernière sur Twitter: «jouer un album intégral, c’est tellement 2007! Ça devient lassant, ce concept». Vraiment? À l’ère des playlists et des hypes qui durent trois semaines, c’est plutôt un vote pour la durabilité, une mise en valeur de ces rares choses qui restent.

Plus qu’une simple interprétation de leur classique Doolittle, le concert que les Pixies ont donné à Montréal, mercredi et jeudi dernier, représentait une incursion privilégiée dans l’univers du groupe, même si son heure de gloire remonte à longtemps déjà.

Tel que prévu, les quinze pièces de l’opus de 1989 ont été livrées dans l’ordre par quatre musiciens stoïques, voire amorphes. Jusque-là, rien de bien surprenant: les Pixies ont toujours été ainsi, même avant leur séparation. Ce à quoi on ne s’attendait pas, c’était à la générosité du package: le décor inspiré de la signature visuelle des albums, la projection d’Un Chien Andalou (le court-métrage de Buñuel et Dali qui a inspiré la pièce «Debaser») en introduction, le débordement de fumée blanche durant «Into the White», l’interprétation d’autant de faces B…

Ça faisait du bien, notamment, d’entendre «Manta Ray» et «Weird at My School», originalement parues sur le EP du single «Monkey Gone to Heaven»; respectivement parmi les pièces les plus accrocheuses et le plus étranges endisquées par le groupe. Il va sans dire qu’elles n’étaient pas au programme des premières tournées, surtout consacrées aux grands succès, qui ont suivi la réunion de 2004.

Cela dit, les meilleurs moments sont survenus durant le défilé des pièces de Doolittle. Passé les grands repères de «Debaser», «Here Comes You Man» et «Monkey Gone to Heaven». On parle de pièces plus obscures, plus rarement jouées en concert, comme «La La Love You», «No. 13 Baby», «There Goes My Gun» et même la répétitive «Silver»… Il ne s’agit pas nécessairement des meilleures pièces des Pixies. Mais il y a quelque chose de pur dans ces dernières. Comme un concentré de l’esprit du groupe. Le meilleur des capacités musicales du carré Black-Deal-Santiago-Lovering. Le juste mélange de pop oblique et d’explosions rock. Ce sont sans doute aussi celles qui passent le mieux live. En les entendant, là, à ce moment, malgré les années qui avaient passé et l’absurdité de faire revivre une légende rock défunte, on pouvait sentir battre le cœur du mythe Pixies. Frissons.

Le groupe a ensuite disparu pour revenir le temps de deux rappels bien remplis d’encore plus de faces B («Winterlong», «Into the White»…) et d’extraits d’autres albums («Caribou», «Holiday Song», «Vamos»…). En tout, plus d’une heure et demie de Pixies, une heure et demie faite sur mesure pour les plus mordus. Pas sûr qu’on aurait pu demander mieux, mis à part un tour en Delorean vers 1989…

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Tout de suite après les Pixies, je me suis rendu vers les Bobards, entendre le Vancouvérois Geoff Berner livrer les pièces de son plus récent album, Victory Party, véritable must pour les fans de croisements gypsy-punk à la Gogol Bordello ou même de pop oblique à la Violent Femmes. Je craignais un peu le jeu du cirque mondialisant, mais Berner reste bien loin de ça. Il est cinglant comme ses textes. Il ne sourit pas, boit comme un trou, mais reste bien en contrôle de son navire: les yeux fixés dans ceux de son public, le ton franc, engageant, avec juste ce qu’il faut d’humour et de blabla visant tantôt à induire l’écoute, tantôt à faire danser.

À ses côtés, un arsenal efficace fait d’une clarinette, d’un violon, d’une contrebasse etd’une batterie. On a eu les pièces de Victory Party dans toute leur simplicité, leur force mélodique et leur pertinence au niveau du propos («Daloy Polizei» et «Rabbi Berner Finally Reveals His True Religious Agenda» font particulièrement réfléchir) avec, en prime, le réalisateur de l’album à la batterie le temps de l’amusante «Laughing Jackie The Pimp»: Socalled!

Une bien belle façon de terminer une soirée nostalgique avec une touche de présent. Seul bémol: le lieu du concert, un choix étrange, peu trop hippie pour votre humble serviteur. Il s’en est fallu de peu pour que je sois aspiré par une valse collective! Sans compter la disposition circulaire bizarre de l’endroit…

* * *

Un mot sur les Black Lips, que j’ai revus le lendemain, 15 avril, au National: les craintes d’un virage commercial semblent pour le moment non fondées, même si Mark Ronson réalise le prochain album du groupe. Sur scène, le nouveau matériel se confond à l’ancien et surtout, le groupe est toujours aussi fougueux, relâché et tapageur sur scène. Comme c’est toujours le cas lors des concerts du groupe, les fans étaient nombreux à tenter de monter sur scène, que ce soit pour sauter, danser ou embrasser les membres. À ce stade, tant le groupe que son équipe semblent habitués.

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