Ça a presque l’air arrangé avec le gars des vues: des musiciens de Cœur de pirate (le guitariste-claviériste-violoniste Emmanuel Éthier) et de Jimmy Hunt (Éthier et le bassiste Maxime Castellon) à la tête d’une opération indie-rock anglophone, assez au goût du jour.
Le fait est que Passwords existait bien avant que ses musiciens aillent prêter main-forte à d’autres. «L’album était déjà enregistré quand on a mis deux chansons sur Internet, à l’automne 2009», signale Éthier. Mais voilà: quand Passwords explore, il explore en grand. C’est ce qui a poussé Éthier, 23 ans, à partir en tournée avec les deux interprètes de «Pour un infidèle», retardant ainsi la progression du projet, qui n’a finalement donné son premier concert qu’en octobre 2010. «C’était un peu pour savoir ce que je voulais faire et ne pas faire», précise Éthier, déterminé à laisser plus de place à Passwords dans son horaire à l’avenir.
Le clan a tenté pendant ce temps de trouver: a) un moyen de sortir l’album; b) une réponse à savoir s’il pouvait encore vivre avec ces chansons composées alors que L’Allier et Éthier avaient tout juste 20 ans, et c) un batteur.
Le point c est encore en suspens, mais l’affaire éponyme a finalement vu le jour fin avril via Mercy Records, label piloté par Anthony Ayotte (gérant de Jean Leloup et de Chinatown). S’il constate que «musicalement, on n’est peut-être plus au même endroit aujourd’hui» (dixit Emmanuel), le groupe endosse encore la chose. «On dirait que vu que c’était notre premier album, on avait envie de mettre toutes nos influences là-dedans», note Thomas.
Le début de la quête remonte à il y a un peu plus de deux ans. Thomas avait fait ses classes dans un groupe de reprises et Emmanuel, formé en violon classique mais converti à la guitare rock, commençait à composer en solo. «J’étais comme écœuré de jouer du blues pis du rock cocky et Manu me faisait découvrir des trucs comme les Unicorns, The Shins… On avait comme le goût de blender nos deux univers», raconte Thomas. La paire fait la connaissance de l’ex-Beluga et ex-Le Husky Simon Landry lors du lancement de l’album de Cœur de pirate. C’est lui qui réalisera l’album. «Il avait une belle vision, ne cherchait pas à nous imprégner de ses expériences passées, pis grâce à ses contacts, on a pu faire un album sans avoir à payer 20 000$», précise Thomas.
On n’arrête pas le progressif
Évidemment, la croisade est aussi musicale. Thomas et Emmanuel ne savent cependant trop que faire du qualificatif «progressif», constamment appliqué à la musique de Passwords. «Le monde utilise le mot ‘‘prog’’ dès que la structure harmonique d’une toune n’est pas linéaire. Mais pour moi, le prog, c’est un solo de flûte traversière de 20 minutes. J’aime peut-être mieux le mot ‘‘épique’’ que ‘‘prog’’», commente Emmanuel.
«C’est sûr que de mon bord, il y avait un élément de réaction, une envie de se débarrasser du rock à deux accords, ajoute Thomas. Il reste quand même que ma toune, elle était folk, quand je l’ai écrite. C’est juste qu’après ça, Manu apporte des éléments, des sons, son gear, et puis ça dégénère. Mais de la bonne façon.»
Passwords
28 avril | Sala Rossa (lancement d’album)
4848, Saint-Laurent
19 mai | Divan orange
4234, Saint-Laurent
avec Technical Kidman
www.psswrds.com