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Le courrier de Gab: comment désaimer?

Très chère Gab,
 
Je t’écris aujourd’hui pour que tu répondes à une question existentielle : comment désaimer? 

Tu pourrais me conseiller de lire Ovide, mais je ne prends pas les conseils d’un gars qui a le même nom qu’un ornithorynque. Y a toujours bien des limites. Bref.
 
Comment ne plus être en amour, sachant que l’option loin des yeux loin du cœur ne fonctionne pas quand t’as pas le choix de voir l’autre tous les jours au travail? Hein?

"Change de job" n’est pas une solution acceptable. Par contre, tu peux me donner toute la marde que tu veux pour n’avoir pas respecté le fameux dicton « don’t shit where you eat ».
 
Merci d’être la lumière au bout de mon tunnel.
Je t’aime.
 
 
 
Allo, bébé.
 
Premièrement, je sais qui t’es, alors je vais te dire tout de suite, devant tout le monde, que je t’aime aussi, plus que les mots, et que je vais toujours t’aimer, même si un jour j’haïs ta crisse de face, je vais t’aimer quand même.
 
Désaimer. Wow. Désaimer un collègue, encore plus compliqué. Je te dirais normalement que ça passe, ces choses-là, et que ton cerveau, même lentement, va finir par additionner toutes les choses qui n’ont pas de sens dans votre  »relation » jusqu’à temps que tu les intègres assez pour que tes sentiments suivent. Comme quand on regarde un ex, assez longtemps après, et qu’on comprend ben pas ce qu’on a ever pu trouver à sa face de con.
 
Mais dans ton cas, ça fait tellement longtemps que ça dure, que je vais devoir juste te dire ce que j’en pense sérieusement, et tu feras bien ce que tu veux avec ça. Je m’excuse à tous les lecteurs pour cette espèce de continuation de conversation entre deux amies, mais au pire, allez chercher les kleenex et explorez votre côté voyeur. Lire à une seule main, y’a rien là.
 
Bébé. Objectivement, ton monsieur, il est pas ben ben beau. Il est petit, pis il est un peu vieux, pis il est marié, pis il a pas un poil sur la tête. Sa femme est une ontarienne plus que boring, yet il trouve moyen de snober tes french à la machine à café quand il a un petit mood swing, parce que par-dessus le marché, il est bourru.
 
Il a pas le droit d’être bourru. Pas avec toi. Tu es tellement loin hors de sa ligue que t’as fait le tour de la terre pis que t’es revenue de l’autre bord, et c’est la seule raison pour laquelle il a eu une shot avec toi. Pis, well, avec son attitude pis ses osti de sautes d’humeur, il est pas digne de l’incroyable luck qui lui a permis, à lui, petit chubby sans grande envergure, d’avoir une office romance avec une espèce de canon aux cheveux de blé venue des cieux comme toi.
 
Je sais que tes daddy issues sont omniprésentes et plus fortes que ta tête, et je sais que tu es bien trop précieuse, étrange et complexe pour qu’une relation toute simple soit capable de te rendre heureuse.
 
Mais pour toi comme pour n’importe quelle fille qui se respecte, un gars qui te repousse, en plus d’être franchement, excuse-moi, LOIN d’être le catch de l’année, ça doit prendre la porte. Je le connais pas, alors il y a peut-être en lui un glitter intérieur qui brille de mille feux dont tu peux pas te passer, mais de la façon dont tu m’en parles, on dirait pas. On dirait un petit crisse de pas fin, intelligent mais ennuyant, qui a mal vieilli et qui a choisi pour lui-même une vie cookie-cutter, sans excès, sans erreurs, sans intérêt. Pas sexy.
 
J’imagine qu’il a dû aider une mémé à traverser une rue dans sa jeunesse, ou sauver un puppy (même si je suis sure qu’il aime pas les puppies, ce qui est fondamentalement fucked up, parce que son cœur est sec pis froid) pis accumulé tellement de karma points que la vie lui a pitché une fille plus jeune, mille fois plus belle et intéressante que lui. Et lui, qu’est-ce qu’il fait? Il brette, il chiale, il fait sa diva. C’est comme si Monica Bellucci se lançait nue sur Danny DeVito qui lui répondrait qu’il veut finir son hot dog avant de la ravager. C’est fondamentalement wrong. C’est pas juste pour la horde de magnifiques hommes qui attendent sans doute au pas de ta porte avec des fleurs, des érections fonctionnelles et de la dévotion au bucket.
 
Pourquoi perdre ton temps avec ce petit être amer et fussy?
 
Permets-moi de terminer ceci en statant l’obvious, Courrier de Gab-style; si il te veut pas, il ne te mérite pas, pis c’est tout. Surtout pas toi, ô plus belle pièce de madame du monde entier.
 
Sur ce, je te laisse ne pas m’écouter et retourner à tes niaiseries dont je désapprouve partiellement. Et non, je te dirai pas de lire Ovide. Un auteur de l’Antiquité n’a rien à t’apprendre sur une romance de bureau. Y’avait même pas de bureau dans son temps. Faque hein.
 

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