Du 4 au 6 juin, les New York City Players sont au Centaur Theatre pour le festival TransAmériques avec la pièce Neutral Hero de Richard Maxwell. Écrivain, metteur en scène et compositeur, l’acclamé Maxwell originaire de Fargo, North Dakota, s’impose comme l’un des rares hommes de théâtre américain à constamment se questionner sur le rôle de l’acteur et les fondements de l’illusion théâtrale. Ses grandes pièces comme House ou Burger King sont de vraies (c’est le cas de le dire!) quêtes du réel. Et, aussi inconvénient que ce soit, celles-ci n’ont certainement pas besoin de spectateurs!
Son théâtre unique et inimitable qualifiable d’anti théâtre tout court plaira à ceux qui obsèdent sur des questions de branlette intellectuelle dans le genre « Est-ce que j’appartiens au film Waking Life? ». Mais Maxwell est un grand. Et qui dit grand, dit plus que soi. C’est avec humilité qu’il faut recevoir son œuvre déstabilisante. Tous les signes de l’illusion sont catégoriquement anéantis : aucune trace de rideau; trois spots (rouge, vert et bleu) allumés partout, sur la scène comme dans la salle; absence du moindre décor, un fond et tous les défauts de l’arrière-scène à poil. Gé-ni-al, un Brecht quoi! Et puis, des instruments de musique country élaborés des chansons qui racontent des états d’âme bien ordinaires. Des chansons d’après-midis, sans prétention.
Encore plus douloureux pour ceux qui ont cru assister à une comédie musicale à la Broadway en lisant « théâtre musical » dans le dépliant? Les acteurs et leur jeu désarmant. Qui se lèvent pour boire une gorgée d’eau quand bon leur semble et qui faussent leur texte un petit peu, hésitent toujours puis se reprennent. Ces acteurs neutres, anodins, incroyablement ennuyants comme nous le sommes tous en réalité. Sans expression faciale, baignés dans la violence sans jamais céder à nous faire un petit peu plaisir en nous montrant une bonne scène de bagarre. Toujours si frustrants pour les spectateurs, ils n’ont pas besoin de nous puisque ce sont eux les héros, des banlieusards du American Dream. Le mythe si fort du soldat héro des U.S. Army est magnifiquement écrasé pour laisser place à ces gens du Midwest qui travaillent au Wal Mart et qui attrapent un banjo de temps en temps pour improviser des paroles simplettes du genre « I pray to God ».
La réaction de la salle était forte. Quelques téméraires ont foutu leur camp. Moi, j’attendais que quelque chose se passe et je me disais toujours que là, peut-être… Mais rien n’est arrivé et j’en suis sortie bouleversée. Dans l’éternel, rien n’a besoin d’arriver. Il faut aller vivre cette expérience unique, mais sans vous, Neutral Hero continuera d’exister.
Neutral Hero | du 4 au 6 juin à 19:00
Centaur Theatre | 453, Saint-François-Xavier | fta.qc.ca