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Éthique urbaine: l’ennui mortel

Des fois, on pense pas qu’on est de même ou comme ça, on se dit que c’est bien le dernier de nos défauts pis, paf, on se le fait dire par personne interposée et ça nous fait pas plaisir, oh que non. Genre, «Martine Desjardins? Tu lui parles de quelque chose de monumental comme de ton aventure avec deux Sénégalais rencontrés pendant l’ascension d’un volcan près d’Ubud pis, là, elle t’interrompt pis ajoute: C’comme moi…» Arrgh. J’avoue que c’est gossant comme défaut. Mais plus grave que d’avoir une grande gueule ou de s’écouter parler, il y a les personnes ennuyantes et elles sont légions. Ce qu’il y a de malheureux avec les ennuyants, c’est que, au contraire du monde gossant comme moi des fois, qui sais qui suis gossante, l’ennuyant n’a aucune idée de l’ennui qu’il cause. Toute une population de monde crissement plate, une race à elle tu-seule, qui ne se doute même pas qu’elle existe. À y réfléchir un tant soit peu, c’est sûrement l’un des défauts les moins avoués de cette planète: on admet sans problème notre côté colérique, manipulateur, éjaculateur précoce à la rigueur. Y’a même des émissions où les gens avouent s’enlever les ongles d’orteils avec les dents, mais ennuyant? Mieux vaut mourir. Puisque c’est une information sur nous-mêmes que je considère essentielle et un sujet presque tabou, voici quelques indices pour vous aider à vous autodiagnostiquer, histoire de sauver la face peut-être, qui sait.

 

1. Après avoir engagé la conversation dans un bar, un cocktail dînatoire ou dans une fête foraine, une nouvelle connaissance te laisse seule en te mentionnant qu’elle doit aller aux toilettes (classique), que ses amis l’attendent (classique, mais révélateur) ou encore, plus subtile, qu’elle ne voudrait pas t’empêcher de faire de belles rencontres en t’accaparant trop longtemps. Ça t’arrive fréquemment? B-o-r-i-n-g

2. Lorsque tu te risques pour un «Salut!» sur un chat, l’interlocuteur disparaît instantanément offline

3. Tu travailles pour la même entreprise depuis trois ans et ta boss ne se souvient toujours pas de ton nom. Pire encore, tu as quitté depuis un an et ladite boss rencontrée au 5 à 7 te dit comment t’es essentielle à l’équipe.

4. T’es, deux ans plus tard, encore sur Farmville et tu persistes à vouloir que tes récoltes soient postées sur Facebook. À chaque fois, tu «pognes» quand on te demande de downloader la nouvelle application pour savoir qui voit ton profil. Ah oui, et quand c’est la fête des Mères, tu pastes un poème en demandant aux autres qui ont, comme toi, une mère extraordinaire, de le reposter à leur tour.

5. Quand tu tiens le bouton pour quelqu’un dans l’ascenseur, la personne qui arrive se ravise et dit qu’elle a oublié son téléphone. Ouch!

6. Tu réponds souvent aux questions plates de sites cucul qui te demandent : «Et vous, que ferez-vous pour la fête des Patriotes?» En plus, y’a même pas de prix à gagner.

7. T’arrives la première à une table de 12 au brunch de fête de ta grand-mère, pis tes matantes qui arrivent juste après toi, s’assoient à l’autre boutte.

8. Tu racontes tes rêves autour de la machine à café pis y sont même pas cochons.

9. Tu postes un statut et y’a juste toi qui le like et qui te répond.

10. Quand tu reviens de voyage, tu te fais un montage-photos de toi dans les différents restos fréquentés – how interesting – pis si t’as le bonheur d’avoir quelqu’un qui vient souper chez toi après, tu lui fais l’honneur de lui faire visionner en boucle.

  

Si même juste 2 de ces 10 affirmations sont vraies, t’es mal amanchée c’est certain, mais tu peux toujours essayer de t’émanciper en postulant pour danser le baladi à Le trésor en moi. Au pire, y’a ben des gens ennuyants qui se taillent des places enviables dans la société. Qui sait, tu seras peut-être notre prochain maire ou premier ministre?
 

Good luck!

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