Montréal la créative: un recueil de textes tente de cerner la spécificité de la ville
Geneviève Vézina-MontplaisirCertains la trouvent belle. On dit que la qualité de vie y est exceptionnelle. Des artistes de tous horizons l’ont adoptée comme terrain de jeu. On y parle le français, l’anglais aussi. Mais qu’est-ce qui fait que Montréal est la ville stimulante que l’on connaît? C’est à cette question que l’écrivaine et journaliste Marie-Andrée Lamontagne et ses collaborateurs Caroline Montpetit, Nicolas Mavrikakis, Daniel Canty, Odile Tremblay, Guylaine Massoutre et Ian McGillis, pour ne nommer que ceux-là, ont tenté de répondre dans le livre-magazine Montréal la créative. À travers une trentaine de textes – une nouvelle de Catherine Mavrikakis en prime –, ils tentent de cerner la personnalité de la métropole la plus cool du pays en présentant ses facettes culturelles, linguistiques, ses clichés, tout en se questionnant sur son futur. Entrevue avec celle qui a dirigé cet intéressant ouvrage.
Livre Montréal la créative
Les artistes sont mis à l’avant-plan dans ce recueil de textes. Est-ce vraiment eux qui façonnent la personnalité de Montréal ?
C’est évident que se sont les artistes montréalais qui font la culture de la ville. C’était donc naturel de les mettre à l’avant-plan et d’adopter l’angle d’approche : Montréal à travers ses créateurs. La carte culturelle est jouée très fortement dans la métropole, et il y a aussi une volonté politique de mettre la culture à l’avant-plan.
Est-ce que Montréal serait l’eldorado des artistes?
En Amérique du Nord, Montréal est une ville très intéressante pour les artistes, car la vie est moins chère qu’ailleurs, et qu’ici, ils se font moins mettre de bâtons dans les roues. Plusieurs artistes internationaux rayonnent depuis Montréal. Toutefois, Montréal n’est pas parfaite, et la partie n’y est pas gagnée d’avance pour les artistes. Mais Montréal est un milieu propice aux arts et aux artistes.
Marie-Andrée Lamontagne
Photo: Luc Lévesque
Est-ce que selon vous, et selon les observations de vos collaborateurs, le grand potentiel de la ville attend encore d’être réalisé ?
Les choses se mettent tranquillement en place, mais comme le dit Jean-François Chassay, romancier et essayiste, dans le premier texte du recueil, Le génie du lieu, les choses mettent du temps à arriver à Montréal. Comme par exemple la salle de concert de l’Orchestre symphonique, qui a mis 30 ans à se concrétiser. Le poète et essayiste Joël Des Rosiers, lui, parle d’occasions ratées de briller par l’architecture. Montréal est assez pragmatique, peut-être à cause de la saga du Stade. À Montréal, on cherche le consensus, on est assez timide. Mais je suis très confiante face à l’avenir, car Montréal n’a pas les problèmes des grandes villes, comme la concentration démographique, la flambée de l’immobilier et la pollution.
En quelques mots, comment pourriez-vous résumer la spécificité de Montréal?
Ce qui fait la personnalité de Montréal, c’est que c’est une grande ville à échelle humaine. Elle est conviviale et imprévue, tout en possédant un riche côté culturel. On peut y expérimenter la vie de quartier d’un village, mais sans sa promiscuité. Le revers de cela, c’est que cela crée des micro-milieux : le micro-milieu de la danse, du théâtre. Heureusement, le côté cosmopolite reprend le dessus et de nouvelles générations de créateurs sont toujours là pour lui donner un nouveau souffle.