Entrevue avec Grenadine : Julie Brunet nous raconte des anecdotes et partage ses inspirations avant son passage aux Francofolies
Samar BesadaLe 10 juin, dans le cadre des Francofolies, Grenadine comptera parmi les artistes locaux de la relève. Dans un café de la petite Italie, j’ai fait la connaissance de Julie Brunet, la jeune chanteuse à la voix édulcorée et aux mélodies malignement accrocheuses.
C’est après sa tournée en France, au sein du groupe qui accompagne Cœur de Pirate, et ses collaborations multiples avec des artistes musicaux québécois que Julie Brunet s’est investie dans son propre projet. Mais la musique la nourrit depuis bien avant tout ce tralala. En essayant de retracer les racines de ses pratiques, Julie Brunet partage son parcours. Mini-violoniste, elle jongle entre deux mondes depuis ses premières années en suivant des programmes musique-études. Elle fréquente le conservatoire puis lâche tout pour s’orienter en création littéraire. « Paradoxalement, je n’ai jamais autant fait de musique depuis. Je me suis mise à jouer dans des groupes parce que tout le monde veut une violoniste dans son band. En plus c’était en deux mille quelques alors c’était le grand retour du progressif, du post rock. De fil en aiguille je me suis retrouvée à jouer avec Cœur de Pirate. »
Mais pourquoi avoir baptisé son nouveau né Grenadine? Julie Brunet répond de façon confuse mais bien sympa : « Ça faisait à peu près six ans que moi et un ami de l’université, on jokait en se disant qu’on allait se partir un band. On faisait des branstormings de noms mais c’était complètement débile. Mais ça me travaillait… et à un moment donné, je me suis dit que si j’avais un projet qui était, mettons pop, et qu’on repartait à zéro… On oublie tous les noms poches. C’est Grenadine qui m’est venue en tête». Et des noms de bands poches, il fallait au moins un exemple concret : « Il me sortait Red Carpet. J’étais comme « Quoi?? » et il me disait « Ouais, tsé c’est glamour pis en même temps c’est red, c’est punk!» Finalement, ce gars-là c’est un bon ami et les premiers jours de mon band, il était bassiste. Plus maintenant, comme c’est un archéologue dans la vie. Comme moi en fait. »
Oui, parce que les archéologues au Québec, ça court les rues. Julie a fait une maîtrise en anthropologie : « Je ne voulais pas tout lâcher du jour au lendemain pour faire de la musique. Pas exemple, t’as un band, tu fais un show par mois et tu lâches. C’est un peu absurde.». Je lui ai alors demandée s’il y a un lien à faire entre les deux : « Le seul lien que je peux faire, c’est que Paul Piché est un ancien archéologue. Apparemment, il a écrit ses premières paroles de chansons sur le terrain à Baie-James. J’ai fait la même chose, mais ce n’était peut-être pas des succès comme Heureux d’un printemps.» Si l’archéologie et la musique, c’est tiré par les cheveux, pour Julie Brunet, l’anthropologie traite, elle, de sujets récurrents dans ses textes : « J’ai une espèce de fascination sur le temps qui passe, le déroulement de la vie et notre société. Des fois dans mes chansons, ça résume l’observation de ce qui se passe, les anecdotes qui sont arrivées, la généralisation, la récurrence de choses qui arrivent dans ma vie ou dans celle des autres. »
Les autres inspirations sont multiples pour Grenadine: « Pour les textes, c’est des anecdotes, ma vie, des trucs personnels qui me sont arrivés directement ou indirectement. Il y a beaucoup de défoulement, de «réactions à…». À diverses choses : relations amoureuses, déceptions, solitudes, désillusions, etc. ». Sinon, musicalement, Julie Brunet dresse la liste d’artistes écoutés durant la préparation de son EP : «Charlotte Gainsbourg, Beck, She & Him… j’ai beaucoup d’admiration pour Pauline Julien». Et puis Grenadine assume son orientation pop: «Je suis aussi fan finie de musique hyper pop commerciale style Drake, Rihanna, Kanye West, Katy Perry. Je n’ai pas honte de dire que j’écoute ça. J’ai une fascination pour tout le produit fini léché et le budget. J’essaie de m’imaginer d’où c’est parti dans la tête de ces artistes-là et des personnes qui leur ont créé des chansons. J’ai la même fascination pour ça que pour les trucs plus obscurs. J’ai fait de la musique classique et contemporaine, et je crois que les deux démarches s’équivalent. »